vendredi 16 février 2018

L'amour et le sexe sont-ils vraiment déconnectables ?


On m’a fait il y a peu la remarque suivante : « au 21e siècle, il serait grand temps de faire la différence entre sexe et amour. Les deux ne vont pas forcément ensemble. »

C’est vrai. Manifestement, les deux sujets sont déconnectables à loisir : moyennant finances, un sourire ravageur ou un bon baratin, on peut facilement avoir du sexe. Si le compte en banque est vide et le sourire peu engageant, le câble ou le Net permettront d’élargir le champ des possibles. Les bars et les boîtes offrent quant à eux diverses possibilités de rencontre, éphémères comme aventureuses. De nos jours, les tendances s’affirment et se revendiquent : plus personne ne montrera du doigt un homme qui aime les femmes… ni une femme qui aime les hommes, bien que dans l’imaginaire collectif, les deux situations ne soient pas tout à fait comparables. Plus récent, le phénomène des sex friends est également révélateur des nouvelles pratiques de notre société puisqu’il s’agit de retrouver l’un(e) de ses ami(e)s et de passer la soirée à échanger bons mots et fluides corporels !

Paradoxalement, le nombre de séparations n’a jamais été aussi élevé, et les parents célibataires sont presque devenus la norme. Quant aux célibataires « tout court », il semble qu’ils soient nombreux eux aussi, mais ils sont difficiles à localiser car toujours plus ou moins en relation avec quelqu’un.

La triste réalité est qu’à l’instar d’un certain libéralisme économique en usage outre-Atlantique, notre société se trouve progressivement gagnée par la mode de la « consommation affective ». On se rencontre, on se connaît, on se consomme, mais ensuite invariablement on se quitte, car le désir ne saurait remplacer l’amour véritable, celui qui crée le manque de l’autre, qui nous tient éveillé la nuit, qui donne naissance à autant de chaleur que de frissons et fait battre le cœur avec une intensité inégalée. Bref, cet amour naïf que l’on ne maîtrise pas toujours, qui se développe au moment où l’on s’y attend le moins - si possible de manière saugrenue -, qui nous pousse à nous couvrir de ridicule mais qui porte en lui, au fond, un délicieux goût d’absolu.

Aussi, je vous le demande : cette "banalisation" des relations sexuelles entre adultes consentants peut-elle vraiment nous aider à augmenter nos chances de rencontrer plus facilement cette personne si chère à nos yeux ? Cette personne auprès de laquelle la vie est si douce que pour rien au monde nous ne voudrions la quitter ? J'en doute fort : il semblerait bien qu’à l’heure du sexe facile, l’amour véritable n’ait jamais été plus difficile à trouver. Et dans ce cadre, je ne suis pas certaine que multiplier les conquêtes et aventures dans l’espoir de s’approcher d’un idéal plus ou moins bien délimité soit une solution vraiment constructive.

Car si effectivement le sexe peut s’acheter, le véritable amour, lui, ne s’achète pas. Il se donne résolument, tout entier, de manière désintéressée et en pleine lumière. Bien sûr, un tel amour est parfois pollué par un chouia de jalousie, un soupçon d’insécurité, une pointe de déception - personne n’est parfait. Mais il survit généralement aux épreuves de la vie, en raison même de la profondeur et de la sincérité qu’il porte en lui.

Est-il judicieux dans ce cas de déconnecter ainsi l’amour et le sexe ? Pour ma part, il s'agit d'une aberration car l’un ne va pas sans l’autre. L’amour constitue un pré-requis, un prétexte, pour aller plus loin et non l’inverse. Je ne peux accueillir un homme dans mes bras si je ne l’aime pas au préalable, car l’acte d’amour est par définition la concrétisation charnelle d’un attachement spirituel et intellectuel. La même règle s’applique à tous les contacts physiques, qu’ils soient fugaces ou plus appuyés. A contrario, que l’être aimé rentre dans la pièce et mon sang ne fait qu’un tour ; qu’il me regarde avec tendresse et mon cœur frémit de joie ; que sa main frôle la mienne et un délicieux frisson m’envahit. Ce n’est pas plus compliqué que cela : à mes yeux, l’excitation née du désir effréné de satisfaction personnelle ne pourra jamais rivaliser avec les sensations décuplées que l’on éprouve au contact de l’être aimé.



mardi 13 février 2018

Dans une vie antérieure, j'étais une Arabe...

Chers lecteurs, après plus de six mois passés à me concentrer sur la dernière ligne droite de mon roman (à savoir les nombreuses finitions ainsi que la relecture d'ensemble), me voici de retour sur ce blog ! Achever ce premier roman aura nécessité beaucoup de temps et d'efforts - dans un contexte professionnel plutôt chargé - mais néanmoins j'y suis arrivée et aujourd'hui, je suis sur le point de soumettre le manuscrit à un éditeur. Bien évidemment, vous serez prévenus dès lors que le roman sera publié, en deux tomes selon toute vraisemblance (l'intrigue est très fouillée...). J'ose espérer que mes prochains livres mettront moins de temps à voir le jour, dans la mesure où je dispose déjà de méthodes et de techniques.

Je vous avais promis des tonnes d'articles, et je vais m'y atteler ces prochains jours car je sens que vous êtes restés sur votre faim. En attendant, pour me faire pardonner mon long silence, je vous offre un petit texte sans prétention que j'ai écrit l'an dernier, quelques mois avant de repartir dans la Péninsule Arabique.

***********************************************
Dans une vie antérieure, j’étais probablement une Arabe, plus précisément originaire des montagnes du Golfe Persique. Comment est-ce que je le sais ? Tout simplement parce que depuis l’enfance j’éprouve une fascination indescriptible pour ces terres écrasées par la chaleur, brûlées par le soleil, pour ce sol aride et ce cil bleu sans nuages, pour ces femmes drapées de noir qui grimpent le long des petits sentiers serpentant dans les montagnes, pour ces hommes prosternés au beau milieu du désert, face contre terre et yeux clos, pour cette chaleur étouffante et ce vent chargé de sable qui s’engouffre dans les ruelles sinueuses des villages traditionnels, ainsi que dans les moindres recoins des habitations aux fenêtres ornées de moucharabiehs. Mais ce n’est pas tout. Certes, depuis l’enfance, je collectionne les images de cet Orient que je convoite, le Yémen, Oman, les Emirats Arabes Unis… Mais depuis quelques années maintenant, je le parcours inlassablement dès que j’ai un peu de temps et de l’argent, et bien souvent je ressens non seulement des émotions intenses et profondes, mais aussi le sentiment d’être enfin de retour « chez moi » après une longue absence. Cette sensation est difficile à expliquer - et encore plus à justifier - quand on parle d’un lieu censé nous être étranger, mais je pense qu’il peut arriver à n’importe quel humain de la ressentir, ne serait-ce que lorsque le jour où il rentre avec joie et sérénité dans sa véritable maison, physique, matérielle, concrète, siège de sa vie passée et à venir, et berceau de sa vie de famille. Pour ma part, il s’agit plutôt d’un port d’attache spirituel, métaphorique, abstrait, mais la sensation est la même : puissante, enracinée, emprunte de plénitude et d’une joie profonde. C’est pourquoi je puis l’affirmer sans ambages : dans une vie antérieure, j’étais une arabe. (Camille Saint-Martin, été 2017)

***********************************************