Récemment a été rediffusé sur Arte un classique français sorti en 1961: Un taxi pour Tobrouk, avec à l'affiche, entre autres, Lino Ventura, Maurice Biraud et Charles Aznavour. Réalisé par Denys de la Patellière, ce film met en scène un terrible huit-clos dans le désert de Libye entre un officier allemand et quatre militaires français luttant pour la possession d'un véhicule, seul moyen de rejoindre El Alamein avant de mourir de soif ou d'épuisement. Le scénario s'inspire du roman éponyme de l'acteur et scénariste René Havard. Selon Pierre Bellemare, une histoire vraie en serait à l'origine : deux soldats danois et allemand se seraient perdus en 1943 lors d'une poursuite au Groenland et seraient rentrés chez eux, à demi morts, ensemble. [1]
L'histoire commence au Réveillon de Noël 1941 où l'on fait connaissance avec chacun des personnages : l'un des Français fête Noël au sein d'une famille anglaise qui l'a accueilli, un autre projette de s'évader de prison pour éviter la peine capitale, un autre encore quitte sa grand-mère pour rejoindre Londres, le dernier fuit la France en bateau pour échapper aux persécutions antisémites ; l'officier allemand quant à lui fête son troisième Noël de guerre dans son château en Poméranie et fait ses adieux à son épouse et à ses enfants. La suite de l'action se déroule en octobre 1942, dans le désert de Libye, près de Tobrouk. Lors d'un raid des Forces Françaises Libres sur une position allemande, les quatre Français se retrouvent livrés à eux-mêmes, leur supérieur ayant été tué dans l'attaque. Ils volent un véhicule et foncent à travers le désert, espérant rejoindre El Alamein. Le lendemain, un avion allemand les survole en reconnaissance ; bien que l'avion n'ait fait que patrouiller, l'un des Français a la mauvaise idée de l'abattre à la mitrailleuse. Avant de s'écraser, l'avion tire une rafale sur le véhicule et déclenche un début d'incendie. Les quatre hommes, indemnes, ne peuvent sauver qu'un peu d'eau et se retrouvent perdus au milieu du désert, sans vivres ni radio. Après avoir erré à pied dans l'immensité des dunes, ils repèrent les traces d'un véhicule, suivent la piste et surprennent une patrouille allemande occupée à déjeuner et bavarder à proximité de leur véhicule. Ils tuent les quatre Allemands assis dans leurs viseurs et s'emparent des vivres et du véhicule. Derrière celui-ci, ils découvrent un officier ennemi tentant de donner discrètement l'alerte par radio. Ils décident de le faire prisonnier et l'emmènent avec eux.
Le reste du film raconte leur cheminement à travers le désert vers El Alamein et l'évolution des sentiments et rapports humains : la tension omniprésente au début, la mise en place progressive d'échanges plus ou moins cordiaux, et pour finir la solidarité qui se crée entre les cinq hommes alors qu'égarés dans un champ de mines, ils ne peuvent compter que les uns sur les autres pour s'en tirer. La question se pose alors de laisser ou non partir l'officier allemand au lieu de le remettre aux forces françaises.
Ce film porte un message fort en montrant combien la guerre poussée à l'extrême peut aboutir à des situations humainement absurdes. La chute du film, que je ne dévoilerai pas, constitue le point culminant de cette critique du militarisme. C'est donc en vous recommandant chaudement le visionnage d'Un taxi pour Tobrouk que je referme cet article.
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