En spé, j'ai connu Noura et je l'ai admirée pour son sérieux et son acharnement à l'étude ; je me suis également amusée de son chignon qui ne durait jamais plus d'une demi-heure, tant était forte son habitude d'en retirer des mèches pour les enrouler autour de son doigt tandis qu'elle réfléchissait. Avec Fadia, les choses étaient différentes : Fadia portait le voile par conviction profonde - je reviendrai plus tard sur ce sujet - et nous en avons maintes fois discuté. Elle l'enlevait chaque matin en entrant en classe et le remettait avant de sortir. Elle était non seulement gracieuse mais aussi parfaitement sereine et d'un calme olympien. Elle n'exigeait ni ne revendiquait rien, elle vivait sa foi dans les limites de ce qu'elle avait le droit de faire en France, et je savais qu'elle n'en souffrait pas car Dieu commande aux croyants de respecter les règles du pays dans lequel on vit. Et, contrairement à tous ceux qui font un bruit inutile aujourd'hui en France, Fadia, elle, avait compris : le voile était partie intégrante de sa relation avec Dieu, et uniquement avec lui ; le regard des autres n'entrait pas en ligne de compte dans ses choix personnels, et c'était mieux ainsi.
In second grade of prep classes, I met Noura and admired her integrity and her dedication to the study; and I often laughted because her nice bun barely lasted more than half an hour, because she had this strong habit of wrapping her curls around her finger each time she focused on an exercise. With Fadia it was different: she was wearing the hijab by faith - I'll say more on this topic later - and we talked many time about it. Every morning, she sat her hair free before entering class (French law forbids all kind of veils in the classroom) and put it back before leaving in the evening. Not only was she graceful but her face showed serenity and quietness. She had neither claims nor requests, she lived her faith between the boundaries fixed by French regulations, and I knew she didn't feel bad about it because Allah expects from believers to express their faith while complying at the same time to the rules of the country they're living in. I guess that Fadia was just closer to the true meaning of faith than some people today, who are sweating on small stuff and making unnecessary noise: wearing the hijab was a way to express her faith but it was part of her relationship with Allah and only Him. The look of others didn't account for her choices, and it was good that way.
Et comment oublier Mouhamed, avec qui j'ai travaillé six mois et eu d'innombrables conversations au sujet de la religion et de Dieu en général. Son passé était intéressant : il avait grandi dans un milieu musulman lettré, en Afrique Noire, mais comme nombre d'ados il s'était posé beaucoup de questions et avait remis en question jusqu'à ses propres convictions ; il avait lu les principaux textes sacrés avant de revenir au Coran avec une foi d'autant plus réaffirmée qu'il avait fait lui-même la démarche spirituelle. Il faisait partie des rares êtres qui voient Dieu en chaque interlocuteur. Nous avons eu une belle amitié, qui a failli déboucher sur quelque chose de plus profond, mais la volonté divine était autre. Aujourd'hui, il est marié et sans doute déjà père et je lui souhaite une vie de famille sereine et épanouie.
How could I ever forget Mouhamed, who I worked with six months and who offered me many fascinating conversations about religion and God in general. His background was interesting: he grew-up in Sub-saharian Africa, in a family with college education who put a great emphasis on Islam. As a teenager, he questionned himself and decided to start from scratch and to investigate the main sacred books. He came back naturally to Islam but his faith was reaffirmed: his believes were not just an outcome of culture anymore, they were now anchored deep inside because he had completed his own spiritual path. Mouhamed was one of the few persons I met who could see Allah in each and everyone of us. We had a strong friendship, which almost converted into something deeper, but divine will is unpredictable. He got married, I guess he has children now, and I wish him a serene and fulfilling life.
How could I ever forget Mouhamed, who I worked with six months and who offered me many fascinating conversations about religion and God in general. His background was interesting: he grew-up in Sub-saharian Africa, in a family with college education who put a great emphasis on Islam. As a teenager, he questionned himself and decided to start from scratch and to investigate the main sacred books. He came back naturally to Islam but his faith was reaffirmed: his believes were not just an outcome of culture anymore, they were now anchored deep inside because he had completed his own spiritual path. Mouhamed was one of the few persons I met who could see Allah in each and everyone of us. We had a strong friendship, which almost converted into something deeper, but divine will is unpredictable. He got married, I guess he has children now, and I wish him a serene and fulfilling life.
Plus récemment encore, j'ai découvert chez ma collègue Leïla une âme droite assortie d'une curiosité intellectuelle immense et d'une profonde envie d'éduquer les gens et de les amener à plus de tolérance. Elle a des projets plein la tête et je suis ravie d'y contribuer dans la mesure de mes compétences et de mes forces. En elle j'ai trouvé une grande sœur et une amie fidèle. Une autre collègue, Zahariat, m'a elle aussi impressionnée par l'étendue de ses connaissances. Je lui ai confié un jour que je trouvais dommage en tant que Chrétienne de ne pas pouvoir écouter les sermons à la mosquée dans la mesure où nous prions le même Dieu, et elle m'a répondu qu'elle me comprenait tout à fait car elle allait de temps en temps écouter à l'Eglise ce qui se racontait sur les autres confessions. Nous avions de nombreuses questions l'une pour l'autre et les conversations furent très intéressantes.
More recently, I discovered by becoming friend with my colleague Leila that she has a straight soul, an immense intellectual curiosity and an endless desire to educate people and bring them to show more tolerance and respect in daily life. She's always working on some project and I try to contribute to one of them with as enthusiasm and skills I can show. With time, Leila has become a loyal friend and a big sister to me. Another colleague, Zahariat, impressed me by her knowledge too. Once I told her that as a Christian, I found it frustrating not to be able to listen to the Friday sermons as the mosque because we're praying the same God; she answered whe fully understood me because she sometimes went to churches or temples to listen to what was said about other religions. We had many questions for each other and we shared very interesting conversations.
Enfin, je n'oublierai pas Yunis et Khulood, le couple de jeunes Omanais que j'ai rencontrés un soir au bord d'une piscine. C'était peu de temps après les attentats de Paris l'hiver dernier et je me rappelle le profond malaise que Yunis et moi partagions : moi à cause de toutes les horreurs qui avaient été racontées sur les musulmans à la télé, lui parce qu'il souffrait que l'on puisse croire à cause des attentats que ces terroristes étaient des musulmans. J'ai passé presque autant de temps à le convaincre que la majorité des Français étaient capables de faire la différence entre des fanatiques fous à lier et des croyants injustement éclaboussés, que lui à me convaincre que l'Islam était une religion de paix et de tolérance (en particulier l'ibadisme). Enfin, que dis-je, aucun de nous n'avait besoin d'être convaincu de quoi que ce soit ; nous avions juste peur qu'une incompréhension mutuelle nous amène à nous méfier les uns des autres. Une fois ceci clarifié, la conversation s'est légèrement réorientée et ils m'ont confié leurs difficultés à suivre certains principes de l'Islam dans la vie quotidienne. Et moi, comme une grande naïve, j'ai découvert que ce n'était pas parce qu'un pays avait une religion d'Etat et une culture fortement ancrée dans la religion que les pratiques étaient simples à suivre, car nous restions des humains empêtrés dans nos propres contradictions et des désirs parfois difficiles à maîtriser. Cela me semblait compliqué de pratiquer assidûment dans un Etat laïc comme la France, mais je n'imaginais pas que ce pût l'être tout autant au Moyen-Orient !
More recently, I discovered by becoming friend with my colleague Leila that she has a straight soul, an immense intellectual curiosity and an endless desire to educate people and bring them to show more tolerance and respect in daily life. She's always working on some project and I try to contribute to one of them with as enthusiasm and skills I can show. With time, Leila has become a loyal friend and a big sister to me. Another colleague, Zahariat, impressed me by her knowledge too. Once I told her that as a Christian, I found it frustrating not to be able to listen to the Friday sermons as the mosque because we're praying the same God; she answered whe fully understood me because she sometimes went to churches or temples to listen to what was said about other religions. We had many questions for each other and we shared very interesting conversations.
Enfin, je n'oublierai pas Yunis et Khulood, le couple de jeunes Omanais que j'ai rencontrés un soir au bord d'une piscine. C'était peu de temps après les attentats de Paris l'hiver dernier et je me rappelle le profond malaise que Yunis et moi partagions : moi à cause de toutes les horreurs qui avaient été racontées sur les musulmans à la télé, lui parce qu'il souffrait que l'on puisse croire à cause des attentats que ces terroristes étaient des musulmans. J'ai passé presque autant de temps à le convaincre que la majorité des Français étaient capables de faire la différence entre des fanatiques fous à lier et des croyants injustement éclaboussés, que lui à me convaincre que l'Islam était une religion de paix et de tolérance (en particulier l'ibadisme). Enfin, que dis-je, aucun de nous n'avait besoin d'être convaincu de quoi que ce soit ; nous avions juste peur qu'une incompréhension mutuelle nous amène à nous méfier les uns des autres. Une fois ceci clarifié, la conversation s'est légèrement réorientée et ils m'ont confié leurs difficultés à suivre certains principes de l'Islam dans la vie quotidienne. Et moi, comme une grande naïve, j'ai découvert que ce n'était pas parce qu'un pays avait une religion d'Etat et une culture fortement ancrée dans la religion que les pratiques étaient simples à suivre, car nous restions des humains empêtrés dans nos propres contradictions et des désirs parfois difficiles à maîtriser. Cela me semblait compliqué de pratiquer assidûment dans un Etat laïc comme la France, mais je n'imaginais pas que ce pût l'être tout autant au Moyen-Orient !
Last but not least - I know that - I won't forget Yunis and Khulood, the young Omani couple I met one night at a hotel swimming pool. It was last December, two weeks after new terrorist attacks in Paris. I was visiting Oman and I remember how bad Yunis and I felt: I felt awkward because of all the horrible things against Muslims I'd heard on the TV , and he suffered with the idea that Western people would think after the attacks that these terrorists were Muslims. We discussed until late in the night: I spent as much time trying to assure him that most of French people could make the difference between crazy fanatics and true believers (who were by the way targeted as well), as he spent to explain to me that Islam is based on peace and tolerance (which for Ibadis is even more professed) Well, to be fair, none of us needed to be convinced of anything; we already knew all that, but each of us was afraid that mutual misunderstanding would bring us to be suspicious to each other. After these clarifications, the conversation went on on similar subjects and they acknowledged that some of the rules of Islam were not easy to follow in daily life. I was really surprised but it's due to my great ingenuity: I always thought that when you live in a country with an official religion, culture is rooted in religion so it'll be easier for you to deviate from regular pratice. But I was forgetting that we're only humans, struggling in the middle of our own contradictions and doubts, and that some desires are difficult to restrain. It had perfectly occurred to me practising wouldn't be easy in a non-religious country like France, but I was not expecting it to be hard too in Middle-East!
Le tableau n'est pas idyllique, n'exagérons rien, car entre tous ces gens bien j'ai eu quelques mauvaises expériences, rencontré quelques personnes un peu radicales et entendu bien des choses blessantes. Néanmoins j'ai beaucoup appris au contact de ceux que j'ai cités, et je me suis forgé une vision très positive des cultures arabes. Ne soyez donc pas étonnés de mon incorrigible optimiste lorsque j'aborde certains sujets.
Don't think I'm making the fact more attractive to prove a point. I'm not blind and I must admit that in parallel to all these great people I've heard many insanities and hateful words from more radical elements. However I learned a lot and as a consequence I grew a positive vision of arabian cultures in general. So don't be surprised by my incurable optimism when I address certain subjects.
Don't think I'm making the fact more attractive to prove a point. I'm not blind and I must admit that in parallel to all these great people I've heard many insanities and hateful words from more radical elements. However I learned a lot and as a consequence I grew a positive vision of arabian cultures in general. So don't be surprised by my incurable optimism when I address certain subjects.
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