AR KARRIG GWENN AN ANKOU
Par Camille Saint-Martin
L’abbé Lefur avait passé toute la
nuit à prier : la conversation de la veille ne lui avait guère laissé de
repos. En fait, la peur commençait à s’insinuer en lui et sa foi chancelante
n’arrivait pas à supporter de telles émotions. Pire encore, il en venait à
douter du pouvoir divin. Il n’osait pas encore se l’avouer, mais l’irruption du
sataniste fou avait semé une terreur inconnue en lui. Agenouillé devant
l’autel, les mains sur le dos de son prie-Dieu, il songeait à la malédiction
dont il était maintenant l’objet.
« C’est incompréhensible !
Comment un émissaire de Dieu pourrait-il être maudit par un mortel ?
Comment peut-on être à ce point entiché de l’Ankou ? Tout le monde sait
bien que le pouvoir de Dieu est supérieur à celui du royaume des ombres. »
Il s’arrêta puis, à mi-voix,
après maintes hésitations, ajouta : « A moins que… » Malgré tous
ses efforts pour se convaincre, sa confiance en Dieu s’effritait et il décida
de sortir. Mais passé la porte, qu’adviendrait-il de lui ? il se rassura
en se relevant : « de toute façon, il est dit dans la Bible que Dieu
ramène toujours à l’étable les moutons égarés. Il me pardonnera ma
frayeur. »
A peine eut-il franchi le seuil
de la porte qu’un éclair fulgurant venu du Ciel le traversa de part en part, le
souleva au milieu d’un halo lumineux et le plaqua contre le mur de l’église.
L’abbé s’effondra foudroyé, et seule demanda une longue traînée de sang noir,
unique vestige de la malédiction diabolique qui venait de prendre corps, du
paroxysme de la vengeance et du triomphe éclatante et splendide de Satan.
La vengeance de l’Ankou
continuait son œuvre inexorablement.
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Cette nouvelle s'achève ainsi. Vous aurez la possibilité dans le futur de retrouver certains de ces personnages dans un contexte analogue mais avec un scénario légèrement plus élaboré. J'espère que vous avez apprécié cette lecture et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures !
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