jeudi 29 septembre 2016

Je veux faire un bout de chemin avec toi // Let's try and see how it goes

Voici une expression que l'on entend de plus en plus souvent en France. S'il n'y avait pas la triste réalité des divorces à la chaîne et des recompositions familiales plus ou moins aléatoires, cette expression me ferait l'effet d'une mode passagère. Mais à mon grand dam, les gens ne jurent plus que par cela, et, jeunes, vieux, avec ou sans enfants, ils n'ont plus que cela à la bouche !
That is an expression which we can hear more and more often in our societies, at least in France. In another context, if it were not for the sad divorce stories and fragile reconstituted families, I would take this expression as a fashion which would soon vanish. However, to my great displeasure, it seems that people today only swear by that; whether they're old or young, already have children or not, these words keep coming back.

La dernière fois que l'on m'a proposé cela, j'ai répondu que je n'étais pas intéressée par un bout de chemin car j'espérais - ô éternelle naïve - que lorsque je me marierais ce serait pour la vie*. Mon interlocuteur a alors affirmé qu'il employait cette expression afin de ne pas me faire peur, parce que d'après lui - et hélas je pense qu'il a raison - de nos jours proposer à quelqu'un de passer les quarante prochaines années à construire une famille ensemble, cela fait fuir. Aie, mauvaise réponse ! Sa crainte me semblait tout à fait légitime, mais visiblement il ne me connaissait pas assez, sans quoi il aurait su qu'il pouvait sans me brusquer me proposer autre chose qu'un "bout de chemin". Pour sa défense, c'est vrai qu'on ne se connaissait pas assez... pas assez pour se lancer dans quoi que soit d'ailleurs, pas même un bout de chemin.
Last time someone offered me that perspective, I answered I was not interested in "trying and seeing how it goes"*, because as the biggest naive in the world, I secretely hoped to get married for life. Then my interlocutor claimed he used this expression in order not to scare me as, according to him, the best way to get someone to run away nowadays is to offer him/her to spend the next forty years building a family together... and unfortunately I think his remark is realistic. But still, this was a wrong answer! I totally understoord his fear but he didn't obviously know me well enough or he would have known he could offer me more than "trying and seeing how it goes", without scaring me or whatever. For his defense, it's true we didn't know each other well enough... not well enough to build a life together... and certainly not well enough to start "trying and seeing how it goes"...

Bien entendu, nul ne sait de quoi demain sera fait et nous avons chacun un seuil de tolérance au-delà duquel il devient impossible de continuer. Des problématiques aussi importantes que l'infidélité, la violence conjugale, les dettes ou même le désaccord sur le fait ou non d'avoir des enfants peuvent détruire un couple à plus ou moins long terme. Et l'on a beau en discuter avant de s'engager, certains sujets surgissent soudainement après vingt ou trente années de mariage, et même s'il se trouve toujours quelqu'un dans notre entourage pour nous dire "je le savais", bien souvent il était impossible de prévoir ce qui allait se produire.
Of course we don't know what the future holds in store and for each of us there is a threshold beyond which it becomes impossible to keep going. Such issues like infidelity, domestic violence, debts or even arguments about whether having children or not can destroy a couple on a short or long term basis. And even if we try to cover all possible subjects before getting married, some of them just emerge one day after twenty years of marriage; and even if there is usually someone in your relatives who comes up with a "I told you so", most of the times it was definitely not possible to predict what would happened.

Pour en revenir à ce fameux bout de chemin, je vous pose la question : une fois que j'aurai fait un bout de chemin avec une demi-douzaine de personnes, que me restera-t-il au juste ? Si je suis chanceuse, j'aurai peut-être fait quelques enfants en chemin et sauvé un appartement de la mêlée. Si je le suis moins, aucun d'eux n'aura voulu m'accorder cette joie parce que conscient de cette éphémère relation, et mes économies se seront envolées. Admettons. Et après ? Dans les deux cas, je me retrouverai seule à ramasser des bribes de souvenirs d'harmonie et de partage et à tenter de les assembler dans l'espoir d'en faire un tout cohérent. Sans doute je regarderai avec une pointe d'envie ces vieux couples qui ont traversé les pires épreuves ensemble et seront à jamais liés par un passé et des souvenirs communs, aussi banals soient-ils. Mais en attendant la vieillesse, quelle sera ma vie quotidienne aux côtés de toutes ces personnes qui ne souhaitent pas s'engager et n'envisagent jamais que le court-terme ?
To come back on this "let's try and see how it goes", I can't help wondering what will be left of me after I'll have tried half-a-dozen men but finally will have ended up single once more. If I'm lucky, perhaps I'll have several children from one or the other, and perhaps an apartment also. If I'm not lucky, none of them will have given me this honor - that'd be logical as they were perfectly aware of the impermanence of our relationship - and all my savings will be gone. OK, that's life, but let's start from that point. In both cases, I'll end up trying to gather recollections of sharing or harmony, with the secret hope that if I stick them back together it will all make sense. And no doubt I'll be watching longingly these old couples who went through the worst times together and are today bound by shared past and memories, even if many of these memories are quite ordinary. But until I'm that old, how do you think daily life will look, with someone on my side who clearly doesn't want to commit and is afraid of looking beyond short-term?

On me dit que lorsque l'on s'est brûlé les ailes, on ne retrouve jamais la naïveté que l'on avait auparavant, qu'à cause des échecs les rêves sont brisés, et que l'on n'arrive plus à faire confiance. Je regrette : toutes ces excuses sont pour moi autant de prétextes invoqués pour fuir les responsabilités qui nous incombent lorsque l'on s'engage avec une personne. Les échecs ne dénaturent pas notre âme, au contraire : ils nous apprennent à être prudents et nous renseignent sur nos priorités et notre seuil de tolérance. Quitter une personne que l'on aime profondément lorsque l'on découvre qu'elle n'a aucune intention d'avoir des enfants et que bien qu'elle n'ait rien voulu dire, sa résolution était ferme depuis le premier jour, c'est une décision douloureuse ; néanmoins elle témoigne de l'importance qu'ont les enfants aux yeux de celui ou celle qui la prend. Mettre un terme à la violence conjugale ne garantira certes pas qu'on réussira à surmonter l'horreur que l'on a vécue, mais ce sera un premier pas vers la transformation de cette expérience en quelque chose de plus positif. Aussi l'excuse de la fatalité ne tient-elle pas. Avoir espéré dans sa jeunesse finir sa vie avec son grand amour et avoir vu cet espoir déçu ne justifie pas de se limiter à des histoires dont on sait dès le début qu'elles ne dureront pas* et qui de ce fait n'auront pas plus de profondeur que d'intérêt.
Some people say that after flying too close to the sun, you've lost your innocence, that bad experiences lead to broken dreams and that afterwards it's getting more and more difficult to trust someone else. Sorry but to my eyes, all these reasons are just excuses put forward to escape the responsibilities coming from committing with someone. Bad experiences don't alter our soul, on the contrary they teach us to be more careful and inform us on our priorities and our tolerance limit. It's hard to leave a man you deeply love when you discover he has absolutely no intention of having children with you and that he knew it from the beginning but didn't want to tell. This is a difficult decision; however it's only evidencing how important children are for the person who decides to leave. To put an end to domestic violence won't guaranty that you'll easily overcome what you've been through, but it'll be the first step towards transforming this horrible experience into something more positive. So I don't buy the excuse of a kind of fatality who would prevent us from starting from scratch with no pain left from last relationship. To have dreamed that you'll end up marrying your teenage love and to have been deceived is no justification for focusing now on superficial and void relationships, that are from the beginning supposed to get to an end*.

S'engager envers quelqu'un c'est prendre le risque de souffrir par amour, mais aussi de faire souffrir l'autre. Mais à moins de se lancer corps et âme malgré les écueils, on ne tiendra que du vent ; car aimer vraiment implique une pureté et une profondeur dans les sentiments, un recul et une persévérance peu compatibles avec l'idée de construire du temporaire, quand bien même ce temporaire serait finalement appelé à durer. L'objet de notre affection n'est pas responsable des malheurs de notre passé ; n'est-il pas injuste alors de lui faire porter le fardeau de nos rancunes et de nos regrets, en lui refusant l'enthousiasme et la spontanéité offerts à notre tout premier amour ? Nous ne devrions jamais cesser d'aspirer au meilleur pour nous et pour ceux que nous aimons, et "un bout de chemin", ce n'est pas suffisant ; nous méritons mieux que cela, j'en suis intimement persuadée.
Committing with someone means taking the risk to be hurt by love but also to hurt the one you love. However, unless you throw yourself body and soul in the adventure, you'll only grasp thin air; because true love requires pure and deep feelings, some perspective on things and a dedication that are barely compatible with the idea of a temporary relationship, even if eventually it turns out to be steady. The loved one isn't responsible for the sufferings from our past, so don't you thing it would be unfair to load him/her with our own burden of regrets and resentment? Don't you think it would unfair also to deprive him/her of the enthusiasm and innocence that we heartily offered our very first love? We shouldn't give up wishing the best for us and for the people we love, and I'm thoroughly convinced that we deserve better than just a "let's try and see how it goes".

*Le terme est révélateur: le bout de chemin est comme un bail de location, on le renouvelle chaque année si on est satisfait et si ce n'est pas le cas, on déménage.
*In French, the expression "bout de chemin" suggests that we find a companion for "one part of the road". It's a bit like a renting agreement: you're satisfied so you renew it; you're not, you move out and settle elsewhere.

lundi 26 septembre 2016

Quelques réflexions sur les piscines et les maillots de bain // A few toughts about swimming pools and swimming outfits

Parfois, je me surprends à rêver que ma piscine propose des créneaux horaires réservés aux femmes. Par conviction religieuse ? Non. Politique ? Non plus. C'est tout simplement que, nageant plusieurs fois par semaines, j'en ai assez de me retrouver régulièrement face à des bulldozers qui dégomment tout ceux qui se trouvent sur leur passage, et de rentrer chez moi avec des bleus... La piscine est grande, aussi chaque niveau de pratique devrait-il y trouver sa place ; néanmoins les opposés s'attirent, et je remarque la propension de certains crawleurs rapides - les palmes, coupelles & tubas - à rejoindre systématiquement le couloir où l'on nage... la brasse !! J'ignore ce qui motive leur choix : veulent-ils nous en mettre plein la vue en nous doublant à chaque longueur ? Ou est-ce la satisfaction de se mesurer à des gens plus lents qui s'exprime ? Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'ils attendent que l'on ait assez de boire la tasse à chaque dépassement et que l'on change de couloir... et malheureusement c'est aussi l'avis des maîtres nageurs.
Sometimes, I find myself dreaming that one day my public swimming pool will adopt special opening hours for women. Why? It's not a religious matter. It's not a political statement either. It's just that I usually go swimming two to three times a week and I'm starting to be tired of being bulldozed by my lane co-swimmers. For Heaven's sake, the swimming pool is large enough, and everyone should be able to swim at his pace, slow of fast; however as sure as opposites attract each other, I noticed the propensity of fast crawl adepts (you know, those coming with flippers, snorkel and many barbarian training tools) to systematically join the slow lane... the place where we do breaststroke!! I honestly don't understand their logic: do they want to impress us each time they cross or overtake? Or does part of their motivation originates in the satisfaction of confronting slow swimmers? A vicious tongue (not me!) would certainly claim they're waiting for us to get tired of drowning at each length and change lane... and alas several lifeguards do share my opinion!

Il y aurait des avantages collatéraux à adopter des créneaux piscine réservés aux femmes : les dames de l'aquagym seraient ravies, et puis surtout, cela éviterait de se poser la question du burkini...... J'y viens : on en a beaucoup parlé cet été, beaucoup beaucoup BEAUCOUP trop à mon goût car ce sujet ne méritait franchement pas un tel vacarme. Je comprends bien qu'il ne se passe pas grand chose pendant les grandes vacances, aussi la presse a-t-elle plus de mal à trouver des sujets susceptibles d'alimenter le "buzz" (restons polis), mais tout de même, lancer une polémique sur le burkini, c'était sournois. Cela dit, ce fut l'occasion pour moi de tendre l'oreille et de découvrir les motivations réelles de certains amis ou collègues.
I'm sure there would be some benefit to propose special opening hours at the swimming pool: the ladies from the aquagym would surely enjoy having their space and, above all, it would put an end of the burkini drama........ Last summer, burkinis were all over the news, again and again and again....... until we got fed up. Much ado about nothing if you ask me. I'm perfectly aware of the lack of fresh news during summer vacations, and of course it must be difficult for the scandal avid magazines to find new polemics to keep the buzz going. I totally get that, but getting the burkini out of the closet was really a low blow. Nevertheless I gave me an opportunity to listen to the conversations around me and expose the real motivations of several friends and colleagues.

Au travail ou dans la rue, j'ai surtout entendu des hommes commenter les événements, certains affirmant même que le burkini serait le symbole de l'oppression des femmes tandis que la mini jupe était incontestablement le symbole de leur libération. Pour être franche, ma réflexion sur le sujet s'est stoppée net à ce moment-là, parce que quand on s'habille court et que dans la rue on a droit à des remarques ou des sifflets, j'ai du mal à appeler ça une véritable libération. A moins de considérer que les sifflets sont une marque d'admiration et de respect mais là-dessus, les opinions divergent.
At work or on the street, I heard men mostly commenting on the burkini topic, especially when it came to claim that burkini was a symbol of women's oppression... whereas mini skirt was the symbol of their liberation. The... the what? I don't know how it is where you live, but here when you dress in mini skirt and short top, you get hisses or verbal solicitations, so as for women's liberation......... Well, maybe, if I convince myself that the hisses are pledges of respect and admiration, then it all makes sense. However opinions differ on that assumption.

S'habiller court, c'est bien gentil mais encore faut-il avoir un physique qui s'y prête, et quand bien même ce serait le cas, encore faut-il en avoir envie ! Je connais des femmes qui n'aiment pas découvrir leurs jambes parce qu'elles se trouvent grosses, trop âgées ou juste pas assez jolies. J'ai pour ma part renoncé aux jupes au-dessus du genou car sans être spécialement coincée, je trouvais que mes cuisses attiraient trop l'attention, d'autant plus que je n'étais jamais sûre de ce qui se cachait derrière un regard : une admiration libre de toute pensée négative ou plutôt "oh purée celle-là je la retournerais bien contre la photocopieuse".
Dressing short, why not? But first you'll need the body for it, and second you need the confidence and the desire to do so. I know many women who are reluctant to show their legs because they think they're too old, too fat, or just not pretty enough for it. As far as I'm concerned I gave up a few years ago all skirts that didn't go below the knee. Not that I'm particularly uptight, but it's a fact that my milky white thighs were a center of attention and I didn't like it. People were glancing but I didn't know how to interpret it: was it just pure admiration, free from any bad thought, or was it more "hmm if she let me, I'd do her on the bosses desk"?

Le problème de l'apparence vestimentaire me semble difficilement soluble dans notre société car c'est un serpent qui se mord la queue. "Tu me garantis que je peux m'habiller comme je veux et que tu me traiteras comme un/une collègue lambda. Tu regardes mes seins parce que j'ai mis un décolleté. Ton regard me met mal à l'aise et je t'explique pourquoi. Tu me réponds que si je ne veux pas qu'on regarde, je n'ai qu'à porter un col roulé. J'arrête donc les décolletés mais tu trouves ça rétrograde." A ce train-là on ne va pas s'en sortir ! Il faut un minimum de bonne volonté de chaque côté.
This subject can be a real headache and there's no immediate solution. "You assure me I can dress how I want and that you'll treat like any other colleague, male or female. I wear a low-cut blouse and I catch you staring at my boobs. I feel uncomfortable and ask you to look elsewhere. You answer that if I want people to stop looking I'd better put a roll-neck. So I start wearing roll-necks and you complain that I'm a cave-woman." Come on! We'll never go anywhere without a hint of positive attitude on each side of the bargain.

Mais il est vrai qu'au travers de la levée de boucliers de certains amis au sujet du burkini, j'ai décelé une crainte inavouée que les Françaises ne décident soudainement de porter des vêtements plus longs et qu'il y ait moins de peau à savourer du regard. Mais je me suis bien gardée de le souligner parce que dans mon environnement de travail, ceux qui se déclarent les plus fervents défenseurs des femmes et de leurs droits sont aussi ceux qui multiplient voire superposent les conquêtes ! Alors attention aux raccourcis quand on commence à raisonner à partir de "symboles" !
Although some of my friends really argued passionately about burkini, I soon started to discern another issue, a more frightening one: and if French girls suddenly decided all at once to wear longer clothes? Would there still be a parcel of soft and glamorous skin left to look at? Of course, I kept my assumptions to myself as in my work environment; I noticed that the men who claim to be devoted guardians of women's rights are usually the first ones to rack up notches on their bedpost. However I wanted to highlight that one has to be careful when using strong words like "symbols".

Cela me rappelle un épisode de La Petite Mosquée dans la Prairie, la série canadienne sortie entre 2007 et 2012 dont j'ai déjà parlé sur ce blog (ici). Fatima, la sympathique restauratrice d'origine nigériane, s'est tordu le genou en glissant derrière le comptoir. Rayyan, son amie médecin, lui prescrit des séances d'aquagym pour le rééduquer et l'accompagne à la première séance. Horreur ! Le groupe est constitué de femmes, mais le maître nageur est un homme - un gros stéréotype gay au demeurant. Rayyan, féministe convaincue et fervente croyante, décide de remuer ciel et terre pour obtenir l'embauche d'un maître nageur féminin pour le cours d'aquagym, car il n'agit plus à ce moment-là du genou de Fatima, mais de celui de la communauté musulmane toute entière ! Elle se heurte cependant à l'opinion publique, à des problèmes budgétaires et un conflit d'intérêt dans l'entourage du maire finit par faire avorter l'initiative. Fatima se retrouve alors dans l'obligation de porter le burkini pour pouvoir nager, et la réflexion d'une dame âgée du groupe d'aquagym lorsqu'elle s'approche du bassin est formidable : "Oh ! Je me demande où elle a trouvé ça ! Voilà qui couvrirait très bien ma cellulite !" Revendications ou pas, visiblement chacun voit midi à sa porte !
I remember an episode from season 1 of Little Mosque on the Prairie (Swimming Upstream), a Canadian TV show broadcasted from 2007 to 2012, which I already talked about on this blog (here in French - translation in English to come). Fatima, the sympathetic Nigerian restaurant owner, has hurt her knee when slipping behind the counter. Her friend Rayyan, a doctor, gives her a prescription for aqua gym sessions and joins her to the first one. But when they get there - how dreadful! - they discover that the swimming instructor is a man. Even if he's so openly gay that he's feeding the stereotype, still he's a man and they can't show up in swimming suit in front of him. As a Muslim feminist, Rayyan starts a petition for hiring a female life guard: at that point, it's not about Fatima's knee, "it's about the knee of the entire Muslim world"! She fails eventually because of budget issues and bad press, but above all because of a conflict of interest in the mayor's office, so Fatima decides to go back to the aqua gym sessions wearing a burkini. One of the older ladies there expresses her surprise in a way I found really amazing: "Oh I wonder where she got that: it would totally cover my cellulite!" Well... revendications or not, it seems that everyone is firstly looking out for oneself!

J'aimerais conclure avec une anecdote. Je suis tout à fait d'accord avec la nécessité de se conformer aux règles du pays dans lequel on se trouve ; je n'ai eu aucun problème à me baigner toute habillée dans certaines régions d'Oman dans la mesure où les femmes locales elles-mêmes se baignent toutes drapées de noir. Et quand bien même les Omanais se seraient montrés trop polis pour me rappeler à l'ordre, il ne pouvait en être autrement : j'étais une invitée sur une terre étrangère et - traitez moi de vieux jeu si ça vous chante - à ma petite échelle je représentais la France. Impensable donc de me faire remarquer par une tenue outrageuse. En revanche, lorsque plus tard je me suis retrouvée sur la plage privée d'un hôtel entourée d'Occidentaux en maillots de bain et bikinis, j'aurais dû être à l'aise. Et bien non ! J'étais terriblement gênée car en marge des lézards qui profitaient du beau soleil du Golfe, il y avait aussi des familles du coin venant se promener ou déjeuner à l'hôtel. Le contraste entre les lézards à demi nus et les Omanais(e)s couvert(e)s de la tête aux pieds était trop fort et pour être franche, je n'ai pas aimé cet endroit, pourtant paradisiaque. J'ai déduit de tout cela qu'il est souvent bien plus difficile psychologiquement de se découvrir que de se couvrir ; aussi ne devrions-nous pas juger trop durement les partisans d'un bord ou de l'autre car quand il s'agit de sujets aussi subjectifs que l'apparence ou l'habillement, le consensus est loin d'être évident.
As a conclusion, I'd like to bring up an anecdote. I totally agree with the necessity to comply with the regulations of the country we're visiting or living in; without an hesitation I went swimming fully dresses in some parts of Oman, as local women were doing that way, even if I knew that most Omanis would have been too polite to call me to order. For me swimming in bathing suit was simply not an option: I was a guest in a host country and somehow I represented France abroad. No way would I become the center of attention by wearing inappropriate clothes. On the contrary, when I visited the private beach of a business hotel, I went outside amongst many Western girls in bikini and I should logically have felt more comfortable. Well, believe me or not, but I didn't. On the contrary, I was terribly uncomfortable because close to the Western lizards enjoying the beautiful sun of the Gulf, there were also Omani families coming for lunch or leisure. The contrast between these two opposite crowds was too large for me, and although the place was paradisiacal I didn't really like it. I concluded from these two experiences, that it may be much easier psychologically to dress longer than shorter; so I think we shouldn't be too harsh on people promoting one side or the other: when it comes to topic as subjective as appearance or dressing, it's difficult to find a compromise.

samedi 24 septembre 2016

La Tourterelle sur les réseaux sociaux // A bit of social networking

Juste quelques mots pour vous informer que Curieuse Tourterelle est désormais sur Facebook ! Ne me cherchez ni sur Twitter ni sur Instagram, le format de ces réseaux ne se prêtant pas aux messages que je souhaite faire passer. Néanmoins, si vous connaissez des réseaux plus adaptés, je serai ravie d'en savoir plus, j'admets volontiers mes limites en la matière.

J'ai conscience que la plateforme d'hébergement actuelle du blog pose problème à certains lecteurs, car ils ne souhaitent pas forcément créer un compte blogger pour poster des commentaires, et que de plus ils ne sont pas informés de la parution de nouveaux articles. Aussi, je conseille aux lecteurs qui utilisent facebook de suivre la page de  Curieuse Tourterelle (ici).

Cela ne changera rien à ce blog à partir duquel je continuerai à travailler, néanmoins le partage d'informations et la diffusion des messages seront facilités via Facebook. Je pourrai également partager des articles de presse ou des photos qui ne méritent pas forcément la rédaction d'un long article.

******************************
Just a few words to inform you that Curieuse Tourterelle is now on Facebook! Don't look for me on Twitter or Instagram, as I don't think the format of these social networks appropriate for the messages I'd like to broadcast. However if one of you uses another network that would be more convenient, I'd like to know about it, I confess my patience and my interest are quite limited in all these matters.

I'm aware that current hosting platform doesn't allow some readers to post comments unless they registered and I completely understand they don't want to go so far just to comment an article. Moreover no button is provided to subscribe and get notified as soon as a new article is issued. So I advise all readers who already are on Facebook to follow Curieuse Tourterelle's page (here).

But whether you're on Facebook or not, this blog will remain my work location and will continue to live. What's new is just that information transmission and articles diffusion can be facilitated on Facebook. And I may sometimes share some press articles or photos which wouldn't deserve me writing a long article.

jeudi 22 septembre 2016

Ne vous étonnez pas... (seconde partie) // Don't be surprised! (second part)

En spé, j'ai connu Noura et je l'ai admirée pour son sérieux et son acharnement à l'étude ; je me suis également amusée de son chignon qui ne durait jamais plus d'une demi-heure, tant était forte son habitude d'en retirer des mèches pour les enrouler autour de son doigt tandis qu'elle réfléchissait. Avec Fadia, les choses étaient différentes : Fadia portait le voile par conviction profonde - je reviendrai plus tard sur ce sujet - et nous en avons maintes fois discuté. Elle l'enlevait chaque matin en entrant en classe et le remettait avant de sortir. Elle était non seulement gracieuse mais aussi parfaitement sereine et d'un calme olympien. Elle n'exigeait ni ne revendiquait rien, elle vivait sa foi dans les limites de ce qu'elle avait le droit de faire en France, et je savais qu'elle n'en souffrait pas car Dieu commande aux croyants de respecter les règles du pays dans lequel on vit. Et, contrairement à tous ceux qui font un bruit inutile aujourd'hui en France, Fadia, elle, avait compris : le voile était partie intégrante de sa relation avec Dieu, et uniquement avec lui ; le regard des autres n'entrait pas en ligne de compte dans ses choix personnels, et c'était mieux ainsi.
In second grade of prep classes, I met Noura and admired her integrity and her dedication to the study; and I often laughted because her nice bun barely lasted more than half an hour, because she had this strong habit of wrapping her curls around her finger each time she focused on an exercise. With Fadia it was different: she was wearing the hijab by faith - I'll say more on this topic later - and we talked many time about it. Every morning, she sat her hair free before entering class (French law forbids all kind of veils in the classroom) and put it back before leaving in the evening. Not only was she graceful but her face showed serenity and quietness. She had neither claims nor requests, she lived her faith between the boundaries fixed by French regulations, and I knew she didn't feel bad about it because Allah expects from believers to express their faith while complying at the same time to the rules of the country they're living in. I guess that Fadia was just closer to the true meaning of faith than some people today, who are sweating on small stuff and making unnecessary noise: wearing the hijab was a way to express her faith but it was part of her relationship with Allah and only Him. The look of others didn't account for her choices, and it was good that way.

Et comment oublier Mouhamed, avec qui j'ai travaillé six mois et eu d'innombrables conversations au sujet de la religion et de Dieu en général. Son passé était intéressant : il avait grandi dans un milieu musulman lettré, en Afrique Noire, mais comme nombre d'ados il s'était posé beaucoup de questions et avait remis en question jusqu'à ses propres convictions ; il avait lu les principaux textes sacrés avant de revenir au Coran avec une foi d'autant plus réaffirmée qu'il avait fait lui-même la démarche spirituelle. Il faisait partie des rares êtres qui voient Dieu en chaque interlocuteur. Nous avons eu une belle amitié, qui a failli déboucher sur quelque chose de plus profond, mais la volonté divine était autre. Aujourd'hui, il est marié et sans doute déjà père et je lui souhaite une vie de famille sereine et épanouie.
How could I ever forget Mouhamed, who I worked with six months and who offered me many fascinating conversations about religion and God in general. His background was interesting: he grew-up in Sub-saharian Africa, in a family with college education who put a great emphasis on Islam. As a teenager, he questionned himself and decided to start from scratch and to investigate the main sacred books. He came back naturally to Islam but his faith was reaffirmed: his believes were not just an outcome of culture anymore, they were now anchored deep inside because he had completed his own spiritual path. Mouhamed was one of the few persons I met who could see Allah in each and everyone of us. We had a strong friendship, which almost converted into something deeper, but divine will is unpredictable. He got married, I guess he has children now, and I wish him a serene and fulfilling life.

Plus récemment encore, j'ai découvert chez ma collègue Leïla une âme droite assortie d'une curiosité intellectuelle immense et d'une profonde envie d'éduquer les gens et de les amener à plus de tolérance. Elle a des projets plein la tête et je suis ravie d'y contribuer dans la mesure de mes compétences et de mes forces. En elle j'ai trouvé une grande sœur et une amie fidèle. Une autre collègue, Zahariat, m'a elle aussi impressionnée par l'étendue de ses connaissances. Je lui ai confié un jour que je trouvais dommage en tant que Chrétienne de ne pas pouvoir écouter les sermons à la mosquée dans la mesure où nous prions le même Dieu, et elle m'a répondu qu'elle me comprenait tout à fait car elle allait de temps en temps écouter à l'Eglise ce qui se racontait sur les autres confessions. Nous avions de nombreuses questions l'une pour l'autre et les conversations furent très intéressantes.
More recently, I discovered by becoming friend with my colleague Leila that she has a straight soul, an immense intellectual curiosity and an endless desire to educate people and bring them to show more tolerance and respect in daily life. She's always working on some project and I try to contribute to one of them with as enthusiasm and skills I can show. With time, Leila has become a loyal friend and a big sister to me. Another colleague, Zahariat, impressed me by her knowledge too. Once I told her that as a Christian, I found it frustrating not to be able to listen to the Friday sermons as the mosque because we're praying the same God; she answered whe fully understood me because she sometimes went to churches or temples to listen to what was said about other religions. We had many questions for each other and we shared very interesting conversations.

Enfin, je n'oublierai pas Yunis et Khulood, le couple de jeunes Omanais que j'ai rencontrés un soir au bord d'une piscine. C'était peu de temps après les attentats de Paris l'hiver dernier et je me rappelle le profond malaise que Yunis et moi partagions : moi à cause de toutes les horreurs qui avaient été racontées sur les musulmans à la télé, lui parce qu'il souffrait que l'on puisse croire à cause des attentats que ces terroristes étaient des musulmans. J'ai passé presque autant de temps à le convaincre que la majorité des Français étaient capables de faire la différence entre des fanatiques fous à lier et des croyants injustement éclaboussés, que lui à me convaincre que l'Islam était une religion de paix et de tolérance (en particulier l'ibadisme). Enfin, que dis-je, aucun de nous n'avait besoin d'être convaincu de quoi que ce soit ; nous avions juste peur qu'une incompréhension mutuelle nous amène à nous méfier les uns des autres. Une fois ceci clarifié, la conversation s'est légèrement réorientée et ils m'ont confié leurs difficultés à suivre certains principes de l'Islam dans la vie quotidienne. Et moi, comme une grande naïve, j'ai découvert que ce n'était pas parce qu'un pays avait une religion d'Etat et une culture fortement ancrée dans la religion que les pratiques étaient simples à suivre, car nous restions des humains empêtrés dans nos propres contradictions et des désirs parfois difficiles à maîtriser. Cela me semblait compliqué de pratiquer assidûment dans un Etat laïc comme la France, mais je n'imaginais pas que ce pût l'être tout autant au Moyen-Orient !
Last but not least - I know that - I won't forget Yunis and Khulood, the young Omani couple I met one night at a hotel swimming pool. It was last December, two weeks after new terrorist attacks in Paris. I was visiting Oman and I remember how bad Yunis and I felt: I felt awkward because of all the horrible things against Muslims I'd heard on the TV , and he suffered with the idea that Western people would think after the attacks that these terrorists were Muslims. We discussed until late in the night: I spent as much time trying to assure him that most of French people could make the difference between crazy fanatics and true believers (who were by the way targeted as well), as he spent to explain to me that Islam is based on peace and tolerance (which for Ibadis is even more professed) Well, to be fair, none of us needed to be convinced of anything; we already knew all that, but each of us was afraid that mutual misunderstanding would bring us to be suspicious to each other. After these clarifications, the conversation went on on similar subjects and they acknowledged that some of the rules of Islam were not easy to follow in daily life. I was really surprised but it's due to my great ingenuity: I always thought that when you live in a country with an official religion, culture is rooted in religion so it'll be easier for you to deviate from regular pratice. But I was forgetting that we're only humans, struggling in the middle of our own contradictions and doubts, and that some desires are difficult to restrain. It had perfectly occurred to me practising wouldn't be easy in a non-religious country like France, but I was not expecting it to be hard too in Middle-East!

Le tableau n'est pas idyllique, n'exagérons rien, car entre tous ces gens bien j'ai eu quelques mauvaises expériences, rencontré quelques personnes un peu radicales et entendu bien des choses blessantes. Néanmoins j'ai beaucoup appris au contact de ceux que j'ai cités, et je me suis forgé une vision très positive des cultures arabes. Ne soyez donc pas étonnés de mon incorrigible optimiste lorsque j'aborde certains sujets.
Don't think I'm making the fact more attractive to prove a point. I'm not blind and I must admit that in parallel to all these great people I've heard many insanities and hateful words from more radical elements. However I learned a lot and as a consequence I grew a positive vision of arabian cultures in general. So don't be surprised by my incurable optimism when I address certain subjects.

lundi 19 septembre 2016

Ne vous étonnez pas... (première partie) // Don't be surprised if... (first part)

Aujourd'hui, je voudrais parler de quelques personnes que j'ai côtoyées et qui ont contribué à me donner une très belle vision du monde arabe en général et de l'Islam, à cent lieues des clichés véhiculés par la télévision nationale et les films catastrophes. Je crois que j'ai eu tout simplement la chance de rencontrer des gens droits et de bon cœur, et je ne saurai jamais si leur gentillesse était une résultante de leur culture ou la manifestation d'une conviction bien plus profonde.
Today, I'd like to introduce you to some people I met in the past and who contributed to the beautiful vision I've built about Islam and the Arabian world in general. My vision is as you know very different from the clichés of national TV or American dramas, and I find myself lucky to have met so many honest and good-hearted people, even if I'll never really know if their kindness was an outcome from their culture or a sign of a deeper faith.

Tout a commencé au collège avec Fouzia, qui était dans ma classe et que j'aidais de temps en temps avec ses mathématiques. Rien de bien extraordinaire mais j'étais heureuse de lui préparer des exercices et elle me le rendait bien en m'accordant son amitié. Plus ou moins à la même période, j'ai rencontré Yasmina et Sabah qui hélas étaient les seules camarades de classe à bien vouloir me parler gentiment et sans préjugés. Peut-être était-ce parce qu'elles étaient aussi isolées que moi parmi des élèves de mentalité et de milieu social très différents.
All started in middle-school with Fouzia, a classmate I sometimes helped with her mathematics. Nothing extraordinary, but I was happy to take time to prepare exercises for her and I got her friendship in return. Around that time I met Yasmina and Sabah, who were alas the only two classmates to talk to me nicely and with no judgment. May be it was because they felt as isolated as I was amongst students whose background and ways of thinking were sometimes very different from us.

En math sup j'ai rencontré Sofia qui est devenue et demeure à ce jour l'une de mes plus chères amies. De cette relation je ne saurais parler au passé puisque en dépit de la distance qui nous sépare - une mer et un pays - nous nous voyons toujours régulièrement et qu'il s'agit de quelques mots pour que la complicité surgisse. Je lui dois beaucoup et l'héroïne de mon roman a même hérité de sa grande intelligence.
The first year of prep classes, I met Sofia who soon became - and still is - one of my dearest friends. It impossible for me to speak about this relationship in the past because we see each other regularly in spite of the distance (between us there are a sea and a country), and when we're together only a few words suffice to make the complicity arise. I owe her a lot and I poured her great intelligence into the heroin of my book.

De mes voisines de chambre de l'époque, Intissar, Sara et Yousra, je ne sais pas grand chose, car il est vrai qu'en prépa, je sortais rarement le nez de mes bouquins. Néanmoins, occupant la chambre contiguë à la cuisine, j'ai le souvenir des effluves qui passaient bien avant l'aube sous la porte de ma chambre durant Ramadan, et de l'hospitalité d'Intissar lorsque je venais lui demander des explications sur un énoncé.
I don't know much about my three neighbors at student residence: Intissar, Sara and Yousra, because in prep classes, especially in first year, I barely took the eyes off my books. But I had settled in the closest room to the kitchen so I still remember very well the wonderful smell that travelled all the way to my bed before dawn during Ramadan. I also remember Intissar's hospitality when I knocked at her door, asking for help in math or physics.

L'année de ma deuxième sup, ce fut la même chose : j'avais changé d'école mais les camarades étaient toujours aussi sympas. Cette année-là, j'ai rencontré quelqu'un qui m'a beaucoup inspirée, même si je ne l'ai connu que de loin : il s'agissait de Youness, qui non seulement était franchement agréable à regarder mais dont l'âme était, de ce que j'ai pu en juger, bien tendre. C'est indirectement qu'il a attiré mon attention à l'occasion d'un voyage de classe, car de mon souvenir c'était un garçon très discret et particulièrement réservé.
When I doubled first year of prep classes, I changed school but my new classmates were as nice as the old ones. That year, I met someone who had a great influence on me - although he never found out about it because we were not close enough for me to tell him. Youness was really handsome but he also had a gentle soul, from what I could witness. My attention got caught during a school trip to the hills. If it hadn't been for the trip, I think I'd never have noticed him because he was as discrete as reserved.

Nous étions pour la plupart très immatures et cela chahutait dans les couloirs de l'auberge de jeunesse où nous passions la semaine ; j'ai débarqué en courant dans l'une des chambres et un camarade qui se trouvait là m'a intimé gentiment le silence. Je ne comprenais pas mais il m'a fait signe de me tourner : j'ai alors aperçu Youness qui, sans se soucier du vacarme environnant, était en train de prier. D'autres camarades sont arrivés derrière moi et, soudainement dégrisée, je leur ai à mon tour demandé de se taire ; le message n'est pas vraiment passé, l'un d'eux m'a carrément répondu "et alors ?" lorsque je lui ai dit que l'on perturbait la prière. J'ai trouvé cette réaction puérile et particulièrement mal élevée ; aussi plus tard ai-je ressenti le besoin d'aller voir Youness et de m'excuser pour notre comportement irrespectueux. Même si à l'époque j'étais en froid avec la religion, j'avais du respect pour ceux dont les convictions étaient ancrées au point de se contreficher du regard des autres. Sa réponse m'a stupéfiée : car non seulement il était tellement concentré sur sa prière qu'il n'avait rien entendu du vacarme, mais quand bien même nous l'aurions dérangé, ce n'était pas une raison pour nous en vouloir.
We were staying at a youth hostel for one week. Most of the classmates were very immature, and so was I. We were teasing each other in one of the rooms when I started running into a corridor and burst in another room. There, a classmate asked me to keep quiet for a moment. First I didn't understand and stared at him but then he pointed out something behind me and I turned around. I instantly froze and hold my breath: Youness was praying in silence, totally ignoring the noise and bustle. When some other classmates arrived running too, I took my turn in asking them to be silent but one of them didn't appreciate my request. He clearly didn't see why he should remain silent for a prayer and answered "he's praying and so what?" In spite of my lack of maturity at that time and even if I had been the first to disrupt, I found his reaction selfish and childish. So after everyone had left the room, I apologized to Youness for our noisy behavior and inappropriate reaction, and I told him I'd tried to be more considerate in the future. In fact, seeing him pray so earnestly had stroke a chord in me: at that time I was struggling with my own spiritual path but I felt respect and admiration for people who bore feelings so strong they didn't care about the look of others. His answer astonished me: not only had he been so focused on his prayer that he hadn't heard a bit of what was happening, but he added that even if we had been annoying, that was no reason for him to argue.

Tout cela n'était que détail mais sans le vouloir, Youness m'a donné une leçon de maturité ; j'ai mesuré le fossé qui le séparait de certains de nos camarades et j'ai discerné en lui une profondeur que je ne soupçonnais pas dans le contexte superficiel que sont les études. Hélas la fin d'année est arrivée trop vite et à mon grand regret je n'ai pas pu réellement faire sa connaissance ; néanmoins je n'ai jamais oublié son sourire doux, son regard chaleureux et la patience que l'on devinait dans chacun de ses actes. Autant de qualités dont mon principal héros a hérité, cela va sans dire.
This story may just be a detail for you but Youness taught me that day a lesson in maturity and tolerance; the gap between him and some of our classmates was huge. In addition I had discovered in him a profoundness I didn't expect due to the superficiality of school relationships. I wanted to get to know him better and I shyly talked to him a few times but unfortunately the school year was already over. However when I close my eyes I can still see his sweet smile, his warm look and the infinite patience I could sense in all his gestures. As a result I poured all these qualities into my favorite male character.