lundi 31 août 2015

Retour d'Arctique

Bonjour à tous !

Le silence du mois de juillet sur ce blog s'explique simplement : quelques jours sur la route de Saint Jacques de Compostelle, une semaine clouée au lit à cause d'un virus ou parasite attrapé au Congo il y a quelques années, puis une semaine de trek en Arctique. Même si je ne suis d'ordinaire pas une grande fan des randonnées et treks, je dois reconnaître que camper au bord d'un glacier à mille kilomètres du Pôle Nord est une expérience à ne pas manquer. Voici quelques photos, explications et anecdotes, qui vous donneront un aperçu des lieux.

  • Mollisol, moraines et pierriers
Si vous vous rendez en Arctique, ne cherchez pas les sentiers de randonnée : il n'y en a pas. Les glaciers et fjords sont bordés de moraines et de pierriers, ce qui n'est pas toujours facile d'accès, les moraines étant boueuses et les pierriers instables. Néanmoins, du sommet des montagnes (autour de 600-1000 m près du Spitzberg), on apprécie une vue dégagée sur les environs.

La plage de cailloux avec le glacier au fond
Un iceberg provenant du vêlage du glacier
Le glacier vu de la mer (20 à 25 m de haut)
La coloration bleue de la glace
Les plissements du glacier
La toundra vue du sommet d'un pierrier

  • Faune
L'animal emblématique de l'Arctique est l'ours polaire, situé tout en haut de la chaîne alimentaire. Si finalement nous n'en avons pas vu de tout le séjour, l'ours était bien présent dans notre mode de fonctionnement. Les précautions à prendre pour éviter de l'attirer sont simples : stocker les vivres à bonne distance des tentes et prendre ses repas hors de la zone de couchage. Jeter les détritus biodégradables à la mer (la température du sol étant très basse, l'enfouissement ne permet pas aux déchets de se décomposer), et les autres déchets dans une poubelle, à conserver également loin des tentes. Autres animaux typiques de la région, les phoques, le renard polaire, les rennes et les innombrables oiseaux (sternes arctiques, oie bernache, macareux, ...). Sans oublier par endroits les nuées de moustiques qui, bien que les livres traitant de la région nous aient assurés que nous n'en rencontrerions pas, ne nous ont pas ratés !

Un phoque
Des rennes
Des guillemots
Des macareux
Une oie bernache
Un renard polaire (Isatis)

  • Flore
La flore est plus développée que je l'aurais cru à prime abord, mais il ne faut pas se faire d'illusions : les "arbres" comme le saule arctique ne dépassent pas quelques cm de haut en plein été. Certaines fleurs commencent même à fleurir sous la neige, afin d'avoir le temps de faner et se reproduire durant l'étroite fenêtre de dégel. La toundra est très présente (graminées, carex, lichens, mousses et arbrisseaux) dans les zones humides. Nous avons observé le pavot arctique, le saxifrage à feuilles opposées, des saules arctiques de... quelques cm de haut !

Un saxifrage à feuilles opposées
Une sorte de "salade" arctique (j'y ai goûté : goût légèrement acidulé, très bon !)
Le saule arctique
Le pavot arctique

  • Svalbard Global Seed Vault (GSV)
A Longyear se trouve la réserve mondiale de semences du Svalbard, une chambre forte souterraine qui reçoit depuis 2008 des semences venues du monde entier, dans l'optique de préserver la biodiversité en cas de perte accidentelle d'une variété. [1] D'autres banques de semences existent dans le monde mais aucune n'est placée dans une zone aussi stable des points de vue climatique, géopolitique, et économique. 
L'histoire de la GSV du Svalbard a commencé en 1984 lorsque le gouvernement norvégien a décidé de stocker les ressources génétiques de plantes de Scandinavie dans une mine de charbon abandonnée au Svalbard. En plusieurs années, ce sont près de 10 000 échantillons de 300 espèces différentes qui ont été stockés. Certains de ces échantillons ont fait l'objet d'un échange avec une banque d'Afrique du Sud, comme double-sauvegarde. Ces deux collections sont aujourd'hui réunies au sein de la GSV.
Cette réserve offre près de 1500 m3 de volume de stockage où les graines, maintenues entre -20°C et -30°C, pourront survivre des centaines d'années. La chambre forte située 130 m au-dessus du niveau de la mer permet de protéger les semences de l'humidité dans le cas de fonte des glaciers et de hausse du niveau des mers à l'échelle mondiale. Le permafrost permet quant à lui d'assurer qu'en cas de panne de l'unité de réfrigération, la température des échantillons ne devrait pas remonter au-dessus de -3°C, température de la roche environnante.

  • Nul ne naît ou ne meurt aux Svalbard
C'est un fait bien connu : une loi interdit aux habitants des Svalbard de naître ou mourir. Les femmes enceintes partent accoucher à Tromso ou dans d'autres villes du Nord de la Norvège. Comme on ne choisit pas l'heure de sa mort, il est techniquement possible de décéder sur place mais le corps est ensuite rapatrié sur le continent et la mort déclarée là-bas. Là encore, le permafrost est responsable de cette décision.
Des esprits chagrins objecteront qu'il existe un cimetière à Longyear. C'est la vérité, il y a bien un petit cimetière situé à flanc de colline à proximité d'une mine, mais il date de 1920 et rassemble les mineurs morts dans une explosion. [2] On peut trouver des croix près des ruines des premières habitations, datant de la création de la ville, mais depuis longtemps on n'enterre plus personne dans le sol des Svalbard.

  • Statut des Svalbard et villes fantômes
L'archipel des Svalbard est un territoire norvégien autonome et démilitarisé, qui n'est soumis à aucune fiscalité. Seules l'île aux Ours (9 habitants) et Spitzberg (un peu plus de 2300 habitants) sont habitées. Le statut de neutralité de l'archipel permet à n'importe quel pays d'exploiter librement les ressources locales, parmi lesquelles le charbon, ce qu'ont fait longuement les Norvégiens mais aussi les Russes. Jusque dans les années 1990 on recensait plus de Russes installés aux Svalbard que de Norvégiens ; aujourd'hui la proportion serait plutôt de 1 Russe pour 2 Norvégiens. Si Longyear (2110 habitants), Ny-Alesund (120 habitants) et Sveagruva (200 habitants) sont norvégiennes, la ville de Barentsburg (460 habitants) abrite encore une communauté russe et ukrainienne. On compte en revanche plusieurs villes russes fantômes : Pyramiden [3, 5] (depuis son abandon en 1998, 8 personnes y résident l'été pour entretenir les installations et recevoir les touristes), Grumantbyen [4, 5] (abandonnée en 1961), Colesbukta [6] ou Advent City. Ces dernières villes sont difficilement accessibles et seuls quelques aventuriers ont pu y parvenir.
A noter également que le Svalbard fut le théâtre d'une lutte méconnue entre le Troisième Reich et les Alliés pour l'implantation de stations météorologiques lors de la Seconde Guerre mondiale

Pour finir, voici Curieuse Tourterelle avec ses compagnons de route dans le zodiac sur le chemin du retour vers Longyearbyen.


Curieuse Tourterelle & ses compagnons

Mes sources :
[5]     http://expedicesvalbard.blogspot.fr/2010/09/268-2010-den-sedmy-relax-daygrumantbyen.html (site en polonais mais googletranslate fournit une traduction très approximative mais qui permet de comprendre de quoi cela parle - ce site raconte toute une expédition dans les Svalbard !)
[6]     http://samsatunis2014.blogspot.fr/2015/03/colesbukta-round-2-boys-trip.html (blog anglophone racontant les anecdotes d'étudiants en géologie/glaciologie venus pour une durée limitée dans la région)

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