lundi 8 février 2016

Un peu de poésie - Antara el'Absi

"Ô cruelle ! De toi je suis épris et tu es
Pour moi semblable à l'âme dans le corps d'un lâche,
Ce n'est point pour mon âme
Mais pour moi que je crains la frappe des lances."

Ces mots datent de près de 1500 ans mais le sentiment amoureux est intemporel et pourrait encore aujourd'hui être décrit avec une telle délicatesse. L'auteur de ces lignes est le poète arabe préislamique* Antara Ibn Saddad al Absi, qui vécut entre 525 et 615 après JC et fut loué pour ses prouesses au combat et son talent pour la poésie.[1] Il fut à l'origine d'une geste très connue dans le monde arabe, écrite dans une langue très pure vraisemblablement autour du 12e siècle, et dont la renommée est comparable au récit des Mille et Une Nuits.

Antara était le fils de Chadded, seigneur de la tribu des Beni'Abs (d'où viennent les Abbassides qui régneront de 750 à 1258), et d'une servante abyssinienne. Après avoir grandi dans l'indifférence et le mépris, en raison de sa peau noire héritée de sa mère, il fut engagé par son père dans une contre-attaque contre des tribus ayant menacé leur sécurité et se distingua sur le champ de bataille par sa bravoure et sa générosité. Ce coup d'éclat lui valu tant le respect de ses opposants que le cœur de sa cousine Abla dont il était amoureux mais qui se refusait à lui en raison de la couleur de sa peau. Par la suite, Antara participa à de nombreuses batailles jusqu'au jour où il fut mortellement atteint par une flèche empoisonnée lancée par l'un de ses anciens rivaux, à qui il avait crevé les yeux mais qui s'était entraîné à suivre à l'oreille les mouvements de ses adversaires et tirait très bien à l'arc malgré sa cécité. [1]

Antara est l'auteur de l'une des sept Mu'allaqa, célèbres poèmes de l'époque préislamique, ainsi que du Divan d'Antar, de courtes stances lyriques. Antara et Abla font l'objet d'une renommée aussi importante qu'Al Majnoun et Leïla ou Jamîl et Buthayna.[1]

*époque précédant la révélation du Coran à Mahomet en 632.

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