mercredi 14 octobre 2015

"L'homme est un collier qu'une femme enlève et qu'une autre porte"

C'est avec ce proverbe de femmes mauritaniennes que j'ouvre cet article sur un intéressant documentaire que j'ai vu récemment au sujet des femmes beydanes: Meniha, Alia, Aïcha, reines du désert. Ce documentaire, produit en 2012 par Patrick Profit chez Atmosphère Production, et rediffusé il y a une dizaine de jours sur Arte, nous emmène à la découverte d'un matriarcat berbère en pays Maure, balayant certains des préjugés que l'on peut entretenir sur les régions de traditions musulmanes.

Au travers des témoignages de trois femmes d'âges différents (une grand-mère, une femme d'âge moyen et une jeune fille), nous évoluons dans un univers où l'homme est tenu à la monogamie et où la femme conserve son nom de jeune fille ainsi que l'usage total de sa dot, y compris en cas de divorce. Divorce qui est considéré avant tout comme un moyen de promotion sociale de la femme et non, comme dans de nombreuses cultures islamiques, comme une honte qui s'attachera à ses pas et dans certains cas entravera jusqu'à son accès à l'emploi. La femme beydane est respectée et choyée par son époux mais cela ne s'arrête pas là : elle peut divorcer de lui si elle juge qu'il n'est pas suffisamment généreux avec elle. Il n'a pas son mot à dire et n'a pas intérêt à s'accrocher longtemps à cette union car ce geste serait interprété par les autres hommes comme un aveu de faiblesse. Par ailleurs, plus une femme a eu de maris, plus elle apparaît comme respectable, car convoitée, et par conséquent plus elle aura de pouvoir au sein de sa communauté. Il est évident néanmoins que l'islam commande à la femme beydane de traiter son mari avec respect et équité.
La tente fait partie de la dot de la femme beydane et elle demeure sa propriété intégrale ; elle est libre d'y recevoir qui elle souhaite, homme comme femme ; son époux est toléré comme un invité qui la rejoint la nuit et y demeure suivant son bon plaisir ; aussi si elle s'absente de chez elle pendant plusieurs jours, elle peut tout simplement décider de faire démonter sa tente ou de la laisser inoccupée, auquel cas son époux devra aller vivre chez l'un de ses proches en attendant son retour. Culturellement, la tente est un espace strictement féminin et la présence d'un homme en son sein est incongrue dès lors qu'il s'y trouve seul.

A cent lieues du monde des femmes beydanes se trouve une autre Mauritanie, celle où se pratiquent encore l'excision et la polygamie et où survivent sporadiquement des traditions plus surprenantes : ainsi des petites filles ont-elles été gavées dès leur plus jeune âge en vue de leur mariage ; en effet, l'obésité, traditionnellement célébrée par les poètes et les chanteurs, a longtemps été considérée comme symbole de la réussite sociale de sa famille d'origine. Plus la jeune fille était grosse, et plus sa "valeur" chez les entremetteuses était importante. Dans les familles modestes, le gavage des petites filles commençait tôt afin de pouvoir rapidement les marier et ne plus avoir à subvenir à leurs besoins. On les retrouvait quelques années plus tard inactives et inemployées, destinées à servir de faire-valoir immobile à leurs époux. Même si aujourd'hui cette pratique a tendance à perdre du terrain, elle aurait concerné un tiers des femmes de quarante ans et plus en Mauritanie.

Je vous conseille également de lire un très bon article sur le matriarcat sahraoui au Maroc: [3], ainsi que d'explorer le site http://matricien.org, portail de connaissances sur le matriarcat et le patriarcat, leur Histoire, leur géographie, la sociologie associée, leur rapport à la religion, la littérature à ce sujet, et même le rapport... à la science-fiction !

Mes Sources

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