mardi 6 octobre 2015

Hôtel Rwanda

Aujourd'hui, mon coup de cœur va à un film de 2004 qui a été retransmis sur Arte mercredi dernier : Hôtel Rwanda, un drame réalisé par Terry Georges.

Hôtel Rwanda raconte quelques mois de la vie du directeur de l'hôtel luxueux des Mille Collines, Paul Rusesabagina, un Hutu marié à une Tutsi qui lui a donné quatre enfants. Alors qu'en avril 1994, à la suite de l'assassinat du président Hutu Habyarimana, éclatent les massacres marquant le début du génocide des Tutsis en avril 1994, Paul se bat pour protéger et faire évacuer une grande partie des 1268 Tutsis et Hutus modérés qui ont trouvé refuge dans son hôtel. Faisant appel à ses relations, tant au sein du pouvoir Hutu en place que parmi les expatriés et notables de divers pays, Paul parvient à tenir à distance les milices Hutus qui ont pris les armes, le temps d'obtenir de l'aide, d'abord des casques bleus, puis du pouvoir en place, et enfin des gouvernements étrangers qui délivreront des visas pour accueillir une partie des réfugiés. Lui-même sera évacué en 1996 vers la Belgique où il vit encore avec toute sa famille. [1]

Ce film décrit le climat de haine et les tensions exacerbées qui régnaient à Kigali à la veille du génocide ainsi que l'horreur des massacres qui feront plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994, sans pour autant s'appesantir sur les aspects macabres du génocide. Il raconte également l'absurdité des origines des divisions entre ces deux ethnies et montre les conséquences dramatiques de la promotion de l'une par rapport à l'autre sur le plan politique et économique. Il condamne la propagande aveugle et salue le courage de tous ceux qui, soldats, membres d'ONG, religieux ou simples citoyens, ont risqué leur vie pour soustraire le maximum de personnes aux massacres. Enfin, il relate l'impuissance des casques bleus face au désengagement progressif des armées européennes auprès de l'armée rebelle tutsi. 

Pour moi qui étais enfant à cette époque-là, le Rwanda n'était qu'un pays d'Afrique où l'on se battait, tout comme on se battait à Sarajevo ; aussi les aspects historiques et sociaux du génocide m'ont-ils particulièrement intéressée. Bien entendu, ce film s'appuie sur les témoignages des rescapés des Mille Collines ainsi que sur l'autobiographie de Paul Rusesabagina, Un homme ordinaire ; ce dernier a également participé à la réalisation du film, ce qui a par la suite soulevé une controverse, en particulier parmi les soutiens du président Kagamé.  On a reproché à Paul d'avoir enjolivé la réalité et dissimulé sous des actions héroïques des desseins bien plus vénaux. [2] [3] On lui a également reproché ses connexions avec les leaders Hutus ainsi qu'avec les Occidentaux résidant ou en visite au pays. Je ne tournerais pas les choses de cette manière-là : s'il a pu protéger plus d'un millier de personnes, dont sa propre famille, c'est justement grâce à ses connexions, ce dont a posteriori, personne ne pourrait le blâmer. Du reste, quiconque ayant vécu dans certains pays d'Afrique sait que si l'on veut que son business continue à tourner, il faut savoir rendre "service" et distribuer des faveurs.

Je n'ai aucun élément concret pour me faire une idée sur la question de l'authenticité du récit, et je me doute qu'il y a des éléments inexacts ou passés sous silence. [4] De plus, chaque création artistique est indissociable de la sensibilité de l'artiste et du message qu'il veut faire passer. Mais pour tout vous dire, je m'en contrefiche : ce film en lui-même est un plaidoyer suffisant pour la paix et le respect de ses semblables, et c'est tout ce que je lui demande.

Mes sources

2 commentaires:

  1. Chère "Curieuse Tourterelle", Par pur hasard, je suis tombée sur cet article de votre blog, dont le titre est "Curieuse tourterelle", après avoir tapé, dans Google, les mots "TOURTERELLE TRISTE/RWANDA/. Signé : MIMI - 2016-05-24 ; vers 09:21 AM, heure avancée de l'est (Canada). P. S. : Je vous reviendrai plus tard pour vous expliquer pourquoi ces deux images-souvenirs (la tourterelle triste et le Rwanda), associées au film "Hôtel Rwanda", m'émeuvent au plus haut point.

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  2. Bonjour Mireille !
    Bienvenue sur ce blog et merci beaucoup pour votre commentaire!
    Je suis ravie que cet article sur Hôtel Rwanda ait éveillé de l'émotion en vous, et je serais ravie d'en savoir plus sur votre expérience à ce sujet. N'hésitez pas à revenir quand vous le souhaitez, ce sera un plaisir de converser avec vous !

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