vendredi 27 mai 2016

Comment j'ai arrêté de mettre la pression à ma fille (french-speaking article only)

Bonjour à tous ! L'article que je mets en lumière aujourd'hui provient du Huffington Post, une source que, je dois l'avouer, je consulte assez peu souvent. Il s'agit de la reproduction d'un article paru hier sur le blog de Catherine Malaussena et judicieusement intitulé "Comment j'ai arrêté de mettre la pression à ma fille". Catherine Malaussena a travaillé pendant 25 ans dans l'Education Nationale, en tant qu'enseignante puis directrice d'école, avant de démissionner pour se lancer en psychopédagogie positive, en particulier dans l'accompagnement de l'apprentissage des enfants, adolescents et adultes. Sur son blog La Boîte à l'Être, elle donne ainsi de nombreux conseils et propose des ateliers collectifs ainsi qu'un accompagnement personnalisé ; le blog aborde également la question de la douance.

Quid de "Comment j'ai arrêté de mettre la pression à ma fille" ? En toute franchise, je m'attendais au départ à une sorte d'éloge de l'autogestion des enfants ou de l'éducation non-autoritaire, et j'étais curieuse de connaître les arguments de l'auteure. J'ai découvert avec stupéfaction que l'auteur met en réalité l'accent sur la pression inconsciente mais castratrice imposée par les parents, par l'école, par la société lorsque l'enfant commence son apprentissage scolaire, celui qui va déterminer toute la réussite de sa vie à venir. Il entre alors dans une période où il n'est plus aimé inconditionnellement, mais doit commencer à répondre à des exigences pas toujours verbalisées : avoir de bonnes notes, réussir avec brio tout ce qu'il entreprend, faire plaisir à Papa-Maman, s'intégrer dans sa classe, en un mot devenir celui que l'on souhaite qu'il devienne. Il y a une certaine logique là-derrière : il est difficile d'élever un enfant sans l'inciter à suivre un chemin, quel qu'il soit, et les parents souhaitent généralement le meilleur pour leurs enfants ! Cela ne serait pas dérangeant si dans certains cas ça n'allait pas totalement à l'encontre des émotions de l'enfant, en particulier de celui qui possède dès le début un terreau artistique fertile.

L'enfant qui entre à l'école primaire grandit dans la peur d'être différent et l'obligation sous-jacente de se fondre dans la masse, de faire au moins aussi bien, voire mieux que les autres. Il s'efforce de se conformer au rêve d'une société dans laquelle chaque personne a un rôle et des attributions bien définies et où il n'y a pas vraiment de place pour les originaux ou les rêveurs. Pire encore, au rêve d'une société dans laquelle l'échelle des valeurs est calquée sur des considérations matérialistes (par ex. l'argent comme moyen de se réaliser), qui ne correspondent pas forcément aux aspirations de l'enfant quand il grandit. Prenons un simple exemple : qui regarde-t-on en général avec le plus d'admiration ? L'artiste en devenir qui démarre son activité mais peine à boucler ses fins de mois, ou le salarié anonyme d'une grosse entreprise qui emmène ses gamins sur la côte à bord de son monospace ? N'avons-nous pas tendance à considérer que le premier se complique la vie en vain, tandis que le second "a tout compris" ? Certains diront "La vie est courte, donc autant prendre l'argent là où il est et consommer pour se sentir bien", d'autres diront "Justement, la vie est courte, trop courte pour s'enchaîner à une carrière peu épanouissante dans le seul but de gagner sa vie." Éternel combat entre les pragmatiques (mais le sont-ils vraiment ?) et les utopistes (même question).

Ceux qui me suivent depuis le début du blog connaissent déjà ma position à ce sujet ; les autres comprendront vite que je parle d'expérience, ayant derrière moi de brillantes études supérieures, plusieurs diplômes scientifiques et la maîtrise de plusieurs langues, pour finalement atterrir dans un métier de simple exécutant où je constate la décroissance, année après année, de mes facultés intellectuelles*. J'ai le sentiment que parmi les salariés des grosses entreprises, il y a une majorité de personnes qui n'ont d'autre ambition que se conformer au rêve de la société et tirent donc satisfaction de la (quasi) sécurité de l'emploi et des avantages du Comité d'Entreprise (tant mieux pour eux). Et il y a les autres, les rêveurs, les artistes, les créatifs, qui étouffent dans l'étroitesse intellectuelle qui leur est imposée et ne tirent aucune fierté de leur soi-disant position privilégiée. Ils finissent tôt ou tard soit par laisser dépérir leur potentiel, soit par s'envoler vers d'autres cieux. A moins que, par chance, ils ne trouvent un domaine de recherche ou une niche quelconque susceptible de valoriser leur énergie créatrice ; dans ce cas ils peuvent réellement faire avancer les choses, s'épanouir tout en se rendant utile pour leur environnement. Néanmoins, l'échelle des valeurs étant ce qu'elle est dans notre société, il ne faut pas s'attendre à ce que le talent ou l'intellect soient récompensés, ou du moins pas de manière "ostensible" ; aussi le créatif doit-il se préparer à prêcher des années durant que sa vie présente une grande richesse à condition de regarder au-delà des apparences.

Avant de clore cet article, voici, pour les oisillons curieux et les pies bavardes, un blog traitant de la question de la douance et des (nombreuses) difficultés qui en résultent : Aux Zèbres Heureux. Je l'ai parcouru dernièrement et j'ai été impressionnée par la diversité des témoignages et les conseils prodigués. Ce blog met l'accent sur le fait qu'il est possible d'accepter sa douance et de la vivre sereinement sur le long terme (cela dit, le chemin pour y parvenir peut être long pour certains). Un cocktail bien agréable pour tous ceux qui, diagnostiqués surdoués ou non, cherchent des pistes, des explications ou tout simplement un peu de réconfort.

*Mais n'allez pas imaginer que je reste à me lamenter les bras croisés, la tourterelle est pleine de ressources et d'ambition !

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