mardi 17 mai 2016

Représentation de Mahomet dans l'Islam // Representation of the prophet Mohammed in Islam

Bonjour à tous ! // Hi everyone !

Après une assez longue période de silence, durant laquelle je me suis concentrée sur ma santé et mon projet d'écriture, me voici de retour sur la toile, avec un article traitant de la représentation du Prophète Mahomet (Mohammed) dans l'Islam, rédigé par Oleg Grabar paru dans le magazine Books en janvier 2013 et avant cela dans The New Republic le 30 octobre 2009. J'ai trouvé cet article un peu par hasard et il m'a frappée, d'une part parce qu'il fait écho à l'actualité, d'autre part parce qu'il tord le cou à un certain nombre de préjugés concernant l'Islam. Voici le lien pour y accéder : http://www.books.fr/les-plus-belles-images-de-mahomet-3/ (Je suis navrée, l'article est uniquement en Français.)
I've been silent a while, to focus on my health and my writing project (a novel), but here I am again with an article on representation of Prophet Mohammed in Islam. The article I'm introducing you to was written by Oleg Grabar and published first in The New Republic on October 30 2009, then reissued in Books Magazine in January 2013. Chance made me discover this article and I was struck by two main aspects: on one hand it echoes current events and on the other hand it debunks some misconceptions about Islam. For those who can read French, you'll find the article here: http://www.books.fr/les-plus-belles-images-de-mahomet-3/ (I'm really sorry for the others)

Cet article nous apprend que le cas précis de la représentation du Prophète n'est pas rigoureusement abordé dans le Coran et que son interdiction, prônée par certains musulmans, découle en réalité de l'exégèse coranique. Dès ses origines, l'Islam s'est heurté à des religions concurrentes relayées par de nombreuses images, statues et représentations : le Christianisme, le Zoroastrisme, l'Hindouisme etc. Aussi les premiers musulmans ont-ils préféré substituer l'écrit au dessin, de peur de sombrer dans l'idolâtrie*. Au bout de quelques siècles, le refus de produire des "icônes" est devenu la norme dans l'ensemble du monde musulman. Comme la charia, adoptée aujourd'hui comme système juridique dans un certain nombre de pays, s'appuie directement sur l'exégèse coranique, on trouve des positions plus ou moins strictes au sujet des images.
I learned in this article that the Coran doesn't explicitly deal with representational art related to the Prophet, and that its prohibition by a part of the Muslim world originates in fact in exegesis. The first Muslims were living amongst Christians, Zoroastrians, Hindus etc. for whom images, icons, statues are part of religion. In reaction to that, and considering the risk to fall into idolatry*, they must have preferred to substitute the writing to the drawing. And after a few centuries, their reluctance to produce images and representations of the Prophet and other religious figures had become the norm in most of the Muslim world. As today, Charia (or Islamic law) is based on coranic exegesis, it's not surprising to find different opinions on that subject, from the most permissible to the most stringent.

Ce qui n'empêche pas l'existence, relatée ou avérée, de multiples représentations du Prophète! Car il serait réducteur de croire que tous les musulmans sans exception adhèrent à la condamnation des images du Prophète. En effet, dès les premiers siècles, les princes et les sujets fortunés se sont mis à embellir leurs demeures avec diverses images décoratives, du portrait du souverain en exercice aux scènes religieuses. Plus tard, avec l'immigration turque puis l'essor de l'art perse, les ouvrages enluminés se sont couverts d'illustrations religieuses ; à l'instar des vies des Saints, on trouvait des Qissas al-Anbiya (Vies des Prophètes) dont les versions turques ou persanes étaient illustrées. Pour finir, à partir du XVe siècle, l'habitude fut prise de voiler la face du Prophète, non à cause d'une interdiction juridique quelconque (aucune trace n'en a été trouvée à ce jour), mais parce qu'il ne s'agissait pas d'un homme ordinaire et que la sainteté de son caractère était mieux rendue par l'invisibilité de son visage.
However, representations of the prophet have existed or do still exist. And it should be reductive to claim that all Muslims, with no exception, condemn it. Already in the first centuries, princes or wealthy subjects ordered images or objects to adorn their palaces, ranging from the portrait of the acting king to religious scenes. Later, Turc immigration and Persian art expansion resulted in books being illuminated with religious images, as for example Qissas al-Anbiya (Lives of Prophets), compilations of the lives of Prophets or Saints. From the 15th century though, people started to cover the face of the prophet with a veil, but it seems to have resulted not from an interdiction but from the idea that Mohammed was no ordinary man and that his Sanctity was better represented (and honored) by an invisible face.

Il en découle que le monde musulman n'est pas opposé à la représentation du Prophète, mais sous certaines conditions et dans un contexte bien précis (un ouvrage louant l'exemple d'une vie de sainteté par exemple). Du reste, dans le passé comme aujourd'hui, ces représentations sont très rares et il n'y a pas là matière à dresser les peuples les uns contre les autres. Je termine en citant la fin de l'article.
"La seule leçon à tirer de cette triste histoire, c’est l’ampleur de l’ignorance et de l’incompétence – et l’idée que chacun, des auteurs et experts aux meneurs de foules, devrait apprendre davantage avant de porter un jugement ou de provoquer une émeute."
The main outcome of this article is that in the Muslim world there is no formal interdiction to represent the Prophet, that many images of Mohammed have been produced, and are still being produced, but under certain circumstances and in certain contexts. And even if they exist, these images are rare and there is no reason whatsoever to start agitating the whole world or rising people against each other.

* Ce débat reviendra notamment en Europe lors de la Réforme et divisera le monde chrétien entre Catholiques et Réformés/Luthériens, ces derniers s'opposant entre autres au culte des Saints et à la présence de statues et d'icônes dans les temples.
* The debate about the worship of Saints or the presence of statues and icons inside churches will be raised later in Europe during the Reformation, and will be one of the main reasons for the split between Catholics and Protestants.

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