mardi 31 mai 2016

Les nuits poétiques de Youness // Yunus' Poetry Nights : Marsil Khalîfâ

Ce soir, j'ai envie de partager avec vous une chanson particulièrement émouvante du chanteur, compositeur et joueur d'oud, Marcel Khâlifé (مرسيل خليفة‎) intitulée "un oiseau" (عصفور). La traduction française est de moi (aussi n'est-elle pas exempte d'erreurs), car ce texte a servi de base récemment à un cours d'arabe. Je remercie d'ailleurs ma professeure de m'avoir fait découvrir Marcel Khâlifé ainsi que nombre d'autres figures importantes, passées ou présentes, du monde arabe. Je vous en présenterai de temps en temps, car nous manquons généralement de connaissances à leur sujet en Occident.
This evening I feel sharing with you a song written by the singer, composer and oud player Marsil Khalîfâ (مرسيل خليفة‎), named "A bird" (عصفور). I found the translation into English on a lyrics website; you can access it from hereI recently studied this song in Arabic class and I'm very grateful to my Arabic teacher to have enabled me discovering Marsil Khalîfâ as well as many great characters from the Arab world. On this blog, I'll introduce you to some of them, because I really think we're lacking of general knowledge about Arabian culture in our western countries. And when you go deep into this culture, you find out it's so rich that it's a shame not to share it.

Marcel Khâlifé est né en 1950 à Amchit, petit village de pêcheurs du Sud-Liban. Issu d'une famille de chrétiens maronites, il grandit au sein d'une ambiance à la fois chrétienne et musulmane. Son grand-père, pêcheur, était aussi joueur de flûte. Marcel étudie l'oud puis l'enseigne de 1970 à 1975 au Conservatoire de Beyrouth. Le succès débute en 1976 lorsqu'il crée l'ensemble Al Mayadeen avec lequel il deviendra internationalement connu ; l'une de ses chansons les plus célèbres est Oummi (أمّي), "ma mère", empreinte de tendresse et de nostalgie. Depuis ses débuts, Marcel Khalifé n'a cessé de chanter pour la paix et en faveur de la tolérance, et il est rapidement apparu comme un porte-parole pour la cause palestinienne. Dans ses chansons, il s'inspire ou reprend des poèmes de Mahmoud Darwich, et cela lui a parfois valu de sérieux problèmes (voir l'affaire anâ Youssef, ya abî). En 2005, il est nommé Artiste de l'UNESCO pour la Paix. [1] Ses deux fils Rami et Bachar sont à leur tour devenus musiciens. Si vous voulez en savez plus sur sa vie, sa discographie, ses textes etc., vous pouvez visiter le site web suivant qui lui est consacré : [2].
Marsil Khalîfâ is born in 1950 in Amchit, a small fisherman village in South-Lebanon. His family members are Maronites Christians so from his childhood, Marsil grows up in an atmosphere both Christian and Muslim. His grand-father was a fisherman but also a flute player. Marsil learns to play oud and is very talented, so he ends up eventually teaching oud from 1970 to 1975 at Beirut Conservatory. Success arises in 1976 when he creates Al Mayadeen ensemble with which he'll become famous worldwide; one of his greatest songs is Ummi (أمّي), "my mother", filled with tenderness and nostalgia. From the beginning, Marsil endeavored to sing for peace and tolerance, and rapidly he became a representative for the Palestinian cause. He sings or finds inspiration in many poems of Mahmoud Darwich and in the past, he got in big troubles for that (see the anâ Yusuf, ya abî story). In 2005 however he got appointed Artist for the Peace by UNESCO. [1] Both his sons, Rami and Bachar, have become musicians. If you want know more about his life, his discography, his lyrics etc., please visit the fan website : [2].

Voici un enregistrement live de "un oiseau", lors d'un concert donné en Syrie. Le chanteur précise en introduction que cette chanson est dédiée à tous ceux qui sont retenus prisonniers dans les geôles israéliennes, mais également à tous ceux qui sont prisonniers des geôles arabes.
Here is a live recording of "A Bird", from a concert in Syria in the 2000's. As an introduction the singer tells the public that this song is dedicated to all prisoners in Israeli jails, but also all prisoners in Arab jails.

Un live de "Un oiseau" de Marcel Khalifé // A live recording of "A Bird" by Marsil Khalîfâ

Voici la traduction française :

Un oiseau posé sur la fenêtre m'a dit: "Nunu,
Cache-moi auprès de toi, cache-moi je t'en prie, Nunu".

Je lui ai dit : "d'où es-tu ?", il m'a dit "des confins du ciel"
Je lui ai dit : "d'où arrives-tu ?", il m'a dit "du pays d'à-côté"
Je lui ai dit : "de quoi as-tu peur ?", il m'a dit "de la cage que j'ai fuie"
Je lui ai dit : "où sont tes plumes ?", il m'a dit "le temps les a emportées"

Un oiseau posé sur la fenêtre m'a dit: "Nunu,
Cache-moi auprès de toi, cache-moi je t'en prie, Nunu".

Une larme a coulé sur sa joue, et ses ailes se sont repliées,
Il s'est posé sur le sol et a dit : "j'aimerais marcher mais je n'y arrive pas".
Une larme a coulé sur sa joue, et ses ailes se sont repliées,
Il s'est posé sur le sol et a dit : "j'aimerais marcher mais je n'y arrive pas".

Je l'ai serré contre mon cœur et ses blessures m'ont fait souffrir.
Avant d'avoir fait éclater sa prison, il a cassé sa voix et brisé ses ailes.
Je lui ai dit : "de quoi as-tu peur ?", il m'a dit "de la cage que j'ai fuie"
Je lui ai dit : "où sont tes plumes ?", il m'a dit "le temps les a emportées"

Un oiseau posé sur la fenêtre m'a dit: "Nunu,
Cache-moi auprès de toi, cache-moi je t'en prie, Nunu".

Je lui ai dit : "N'aies pas peur, regarde, le soleil apparaît"
Il a regardé la forêt et a vu les vagues de la liberté étinceler.
Il a vu les ailes des oiseaux frétiller derrière les portes hautes.
Il a vu la forêt planer sur les ailes de la liberté.

Je lui ai dit : "d'où es-tu ?", il m'a dit "des confins du ciel"
Je lui ai dit : "d'où arrives-tu ?", il m'a dit "du pays d'à-côté"
Je lui ai dit : "de quoi as-tu peur ?", il m'a dit "de la cage que j'ai fuie"
Je lui ai dit : "où sont tes plumes ?", il m'a dit "le temps les a emportées"

Un oiseau posé sur la fenêtre m'a dit: "Nunu,
Cache-moi auprès de toi, cache-moi je t'en prie, Nunu".

* litt. de la maison des voisins
** les hauts murs qui marquent les frontières

Sources

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