Je ne suis pas pour les interdictions. M'interdire quelque chose me donne envie d'outrepasser, rien que pour prouver que si je choisis d'obéir, c'est de mon propre chef, et non pas parce qu'on m'y oblige. M'interdire quelque chose m'apparaît comme une violation de ma liberté physique et intellectuelle, comme une transgression de mon libre arbitre. Et pire encore, m'interdire quelque chose me donne la désagréable impression que la personne pense savoir mieux que moi ce que je dois faire et qui je dois être. En tant qu'adulte, cela m'insupporte ; même si dans le même temps je suis convaincue du bien-fondé de l'interdiction.
Bien sûr, me direz-vous, il y a des interdictions "majeures" que l'on enseigne ou apprend dès l'enfance : ne tue pas, ne vole pas, ne te drogue pas etc. Ces interdictions sont pensées dans l'intérêt de la personne et il semble important (et légitime) de l'empêcher d'y contrevenir. Mais est-ce vraiment si facile que cela à entériner ? Je dois reconnaître que mon frère et moi avons eu de la chance que nos parents ne nous aient pas par exemple interdit de nous droguer ou de nous battre, mais qu'ils nous aient convaincus qu'il valait mieux pour nous ne pas le faire. Aujourd'hui, je mesure toute la différence entre ce qui se passait à la maison et ce qui se déroule dans la rue.
Nous avons toute une batterie de règles et d'interdictions visant, non pas à protéger la personne d'un danger quelconque, mais à protéger les autres du danger (ou des nuisances) qu'elle pourrait représenter. Il ne faut pas se garer sur une place "handicapé", il ne faut pas faire du bruit en pleine nuit, il ne faut pas jeter ses détritus sur le trottoir... Des panneaux et affiches fleurissent un peu partout et l'on finit par ne plus les voir, tant il y en a. Ces interdictions garantissent le respect de la liberté des autres et quand on se trouve parmi les "autres", on les trouve justifiées.
Pourtant, je ne peux m'empêcher de songer que ces interdictions relèvent avant tout du bon sens et qu'une bonne compréhension de leur raison d'être et de leurs implications serait préférable à la législation (ou à la répression). Penser par exemple que la voisine peut avoir le sommeil fragile avant de mettre le volume à fond, plutôt qu'attendre que son mari excédé n'appelle la police (ou pire, se taise mais pourrisse votre réputation dans tout le quartier).
Cela reste bien sûr théorique et il se trouvera toujours quelqu'un pour déclarer qu'il se contrefiche du bon sens et - puisqu'on en parle - va dorénavant s'amuser à faire systématiquement l'inverse. Il faudrait en effet que l'être humain lève un peu le pied sur l'esprit de contradiction... qu'il arrête de jouer avec les règles pour voir s'il arrive à être plus malin que les autres... en somme qu'il accepte d'être un peu plus raisonnable ! Vaste programme, surtout si l'on considère qu'après tout nul n'est parfait et qu'une petite "folie" de temps à autre donne du piquant à la vie.
En attendant, ces interdictions sans cesse plus nombreuses me laissent sceptique, et parfois même agacée. Sans doute parce que, contrairement à l'époque où mes parents m'expliquaient les dangers de la drogue, je me sens infantilisée et non responsabilisée. Alors j'ai tendance moi aussi à me laisser tenter par l'esprit de contradiction. Dommage car je pense que la majorité silencieuse ne
demanderait pas mieux que de respecter l'espace vital de son voisin, dans la
mesure où le voisin fait de même.
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