vendredi 19 juin 2015

Toujours plus de lois : toujours plus d'oppression ?


Ceux qui me connaissent dans la vie réelle le savent, je suis prompte à m'insurger contre toute nouvelle loi mise en place par un gouvernement (quel qu'il soit) visant à restreindre nos libertés et à nous interdire encore plus de choses. Je crois fermement que cette continuelle répression est contre-productive car elle donne inévitablement envie aux rebelles de transgresser, par principe, et dévalorise ceux qui suivent les règles par habitude ou conviction ; un parfum de mépris et d'infantilisation entoure nos dirigeants et ne nous incite ni à les respecter ni à nous intéresser à ce qu'ils font. Difficile en vérité de se sentir partie prenante d'une démarche citoyenne ou politique quand la seule chose que l'on pense recevoir de l'Etat est une punition ; dommage néanmoins car paradoxalement il est bien plus facile de faire passer la pilule lorsque l'on arrive à convaincre l'interlocuteur de l'utilité des méthodes employées pour parvenir au résultat final. En somme, une démarche pédagogique est préférable à une action en force.

D'un autre côté, ceux qui me connaissent savent aussi que je rouspète après certains tutoriels ou e-learning, notamment au travail, censés nous réapprendre (ou pire encore, nous "faire découvrir", selon leurs propres termes) les bases de la vie , comme "comment se laver les mains", et les pancartes qui ont fleuri partout dans les wc. Un bon exemple en date est "la meilleure technique pour tenir la rampe d'escalier quand on descend", une technique au nom ronflant présentée à l'issue de 30 minutes d'exposé obligatoire et consistant tout simplement à tenir la rampe tout au long de la descente... Vouloir éduquer les gens, je suis pour mais mon côté poil-à-gratter se satisfait mal de certaines pseudo-formations qui ont plutôt tendance à tirer les gens vers le bas que vers le haut.

Difficile de ne pas être agacé quand on essaie de respecter les règles et de bien faire, quand on abandonne une partie de son confort pour suivre l'effort général, et qu'en récompense on nous dit "ce n'est pas suffisant, les chiffres ne sont pas satisfaisants, on doit encore durcir les règles pour tout le monde". On se sent floué, inconsidéré, injustement mis dans le même panier que ceux qui dérogent à la règle ; et la sentence absurde qui nous tombe dessus le seul jour de l'année où l'on a fait un écart nous semble arbitraire. Et même si la loi s'applique à tous, dans une culture du "pas vu pas pris", cette sentence est effectivement injuste ; c'est un peu comme à l'école, quand toute la classe se ramasse une puningue à cause de deux ou trois agitateurs. Ceci dit, si nous ressentons de l'injustice, c'est parce que nous savons que toute l'année nous avons été de bons citoyens sans que personne ne le remarque, et que nous avons l'impression que l'on ne retiendra de nous que les rares erreurs ou transgressions, qui seront consignées dans le casier judiciaire ou le dossier de l'employeur. Il n'y a hélas pas de certificat de "bonne conduite", peu d'espoir d'obtenir un jour une quelconque reconnaissance pour avoir mené une vie exemplaire, juste un certain sentiment amer d'avoir été le dindon de la farce. Dans une société qui raffole de scandales et voue un culte à celui se place au-dessus des lois, il est plus facile de se faire remarquer en violant les règles qu'en les appliquant. Pourtant, qui a dit qu'être responsable était risible ? qu'être intègre était lâche ? que vivre en communauté était facile ? Il faut de la volonté, de la persévérance et de la conviction pour être un bon citoyen. C'est déjà quelque chose et on aurait tort de l'oublier.

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