samedi 13 juin 2015

L'instant poésie

Parmi mes poètes favoris se trouvent un certain nombre d'arabes et d'iraniens. Les cultures persanes et arabes ont en commun qu'elles ont donné naissance à de prodigieux artistes et scientifiques tout au long de leur Histoire. J'aurai l'occasion de revenir régulièrement là-dessus, car il s'agit de l'un de mes sujets favoris et je ne cesse de l'explorer.
Aujourd'hui, je vais vous présenter un poète arabe de la période Omeyyade (661-750 après JC) : Jamîl Buthayna, de son vrai nom Jamil Ibn Ma'mar. Il appartenait à la tribu Banu Udhra, dont les poètes étaient réputés pour leurs évocations de l'amour chaste [1]. Jamîl Ibn Ma'mar choisit d'ailleurs le surnom Buthayna en hommage à cette jeune fille d'une tribu voisine dont il tomba éperdument amoureux durant l'enfance. Bien que les sentiments aient été réciproques, la famille de Buthayna refusa toute union avec le poète et la jeune fille fut mariée à un autre. Mais leur amour perdura, bien que rendu platonique par la force des choses, et ils continuèrent à se rendre visite de temps en temps [2]. Jamîl Buthayna composa de nombreux poèmes pour sa bien-aimée, dont voici quelques extraits [3]

Je crains de  rencontrer soudainement la mort
Alors que mon âme est lourde de désirs inassouvis
Cependant lorsque je te rencontre, la rencontre
Me fait oublier de te dire mes épreuves.

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Tous les amants exceptés nous
Jouissent ensemble des plaisirs de la vie
Or nous marchons séparément dans le monde
Comme deux otages prisonniers dans des camps ennemis.

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Ils me croient ensorcelé, par son souvenir ravi
Mais je ne suis victime ni d'un sortilège ni d'une folie.
Il fut un temps où si l'on m'avait demandé
De choisir entre ma vie et l'éternité,
J'aurais dit : "Laissez-moi avec Buthayna un instant
A l'écart des médisants, ensuite prenez ma vie."
Si je veux consacrer un poème à une autre,
Il refuse, je le jure, de se plier à mon désir. 


Mes sources:
[3]     Le Dîwân de la poésie arabe classique, éd. Gallimard

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